
Photo CBS
Le pianiste et compositeur américain de jazz Dave Brubeck est mort mercredi 5 décembre, à la veille même de son 92ème anniversaire et sur la route qui le conduisait de son domicile de Wilton, dans le Connecticut, jusqu’au cabinet de son cardiologue à Norwalk. Tout le monde est capable de fredonner un des titres de l’album majeur, Time Out, sorti en 1959 et vendu à plus de deux millions d’exemplaires. La carrière de Dave Brubeck fut fondée sur des expériences musicales diverses et une volonté de rendre la musique, le jazz en particulier, accessible à tous, ce qui lui valut la reconnaissance de ses contemporains et la fureur des puristes.
Sa musique s’imprégna au fil du temps de tout ce qu’il considérait comme digne d’être écouté. Les critiques considéraient sa musique comme simpliste, inepte et fade. Le public, lui, en redemandait. Né, à Concord près de San Francisco, dans une famille californienne, d’un père éleveur de bétail et d’une mère chef de chorale de l’église presbytérienne du quartier, Dave Brubeck baigna naturellement dans la musique. Après la seconde guerre mondiale, pendant laquelle il combattit à Metz en 1944, il étudia la musique au Mills College, sous la direction du compositeur français, Darius Milhaud — pour qui il conserva une sorte de vénération qui le conduisit à appeler un de ses cinq fils Darius — puis créa un quartet avec, notamment, son alter ego Paul Desmond, qu’il avait connu dans l’armée en 1943.
Le groupe devint très rapidement très populaire, par le biais d’une tournée des universités américaines, et notamment un album intitulé Jazz Goes to College. La notoriété de Dave Brubeck et de son quartet prit une telle ampleur qu’en 1954 il fit la « une » de l’hebdomadaire Time, un honneur que seul Louis Armstrong avait connu auparavant. Passionné d’innovations musicales, Dave Brubeck était aussi un homme de conviction. Au début des années 1950, alors que sa popularité n’était que naissante et que la chasse aux sorcières du maccarthysme allait commencer, il résista à plusieurs doyens d’université qui tentèrent, en vain, de lui imposer un orchestre uniquement blanc.
A partir du début des années 1970, il prit ses distances avec les concerts, mais pas avec la musique, s’autorisant quelque sorties officielles, notamment lors de la visite de Jean-Paul II en Californie, en 1987, et lors du sommet Reagan-Gorbatchev en 1988, ce qui fit ressurgir la fureur des puristes, qui le traitèrent de musicien officiel. Malgré ces deux sorties contestables, Dave Brubeck est resté à l’image de sa musique, décontracté et sans limites.
Sur ce lien, le morceau préféré de l’auteur de ce billet : Unsquare Dance :
www.youtube.com/watch?v=fmBkL3iEbN4
www.nytimes.com/2012/12/06/arts/music/dave-brubeck-jazz-musician-dies-at-91.html