Il y a un an, à la même époque, Nick Clegg, le leader des Lib Dems avait crevé l'écran, lors des trois confrontations télévisées qui l'avaient opposé à Gordon Brown, premier ministre travailliste sortant et rapidement sorti, et à David Cameron, nouveau chef de file du parti conservateur. Pendant ces trois débats, Nick Clegg avait eu des mots très durs pour ses deux adversaires, en réservant les plus acérés à son opposant Tory. Les Lib Dems avaient incontestablement le vent en poupe. Quelques sondages firent rêver les militants Lib Dems quelque temps, puisqu'ils plaçaient leur parti en tête. Mais très rapidement les prévisions redevinrent plus crédibles et tendirent vers un hung parliament, c'est-à-dire un parlement bloqué, sans majorité. Et c'est ce qui arriva.
Contre toute attente, alors que ses prises de position pendant la campagne des élections législatives avaient donné l'impression qu'un nouveau Lib-Lab Pact était possible, Nick Clegg décida de s'allier aux conservateurs et à David Cameron, au grand désarroi de la base Lib Dem, en avalant son chapeau, sa cravate, ses promesses et son indépendance. Devenant le vice-premier ministre, titre nouveau et tellement creux que nul ne sait toujours aujourd'hui ce qu'il désigne, Nick Clegg semblait avoir obtenu un lot de consolation, un référendum sur l'Alternative Vote (cf le billet précédent sur ce sujet). Le référendum a bien eu lieu, jeudi 5 mai, couplé avec le renouvellement des local councils et le résultat est une authentique déroute pour Nick Clegg et les Lib Dems.
Pour ce qui concerne les local councils, le Labour est le grand vainqueur puisqu'il gagne 711 sièges de councillors, à 2.130, en emportant 21 councils supplémentaires. Les Tories limitent les dégâts : ils perdent 8 councils, mais en en gagnent 11, soit un gain de 3. Ils ont désormais 4.015 sièges, une progression de 56. Les Lib Dems contrôlaient 6 councils, ils n'en ont plus aucun. Ils ont perdu 599 sièges et se retrouvent avec 898 élus locaux. On notera que, pour la première fois, le SNP, Scottish Nationalist Party, est majoritaire dans l'assemblée écossaise et dispose, seul, du pouvoir. Quant au référendum sur le choix entre AV (Alternative Vote) et FPTP (First-Past-The-Post), système actuel, les électeurs britanniques ont infligé une défaite retentissante au vice-premier ministre et à son parti.
En effet, le No recueille 68,3% et le Yes 31,6%. Ce référendum conforte l'autorité de David Cameron et constitue un camouflet pour tous les autres partis, y compris le Labour, qui s'étaient prononcés pour le Yes. Mais, bien évidemment, le grand perdant de ces deux votes est Nick Clegg, qui a aliéné non seulement son avenir politique, mais aussi celui des Lib Dems, qui, il y a à peine douze mois, rêvaient d'incarner la troisième voie. On voit mal comment Clegg pourrait rester à la tête des Lib Dems et au gouvernement. L'excellent dessinateur du Guardian, Steve Bell, l'a gratifié d'un sobriquet approprié : LPTP, Last-Past-The-Post, le dernier à franchir la ligne.
Crédit photographique : Peter Macdiarmid