Les Américains vont choisir aujourd’hui leurs grands électeurs, et, donc, indirectement leur futur président. Tout a été dit sur cette campagne, notamment grâce à l’excellente couverture assurée par Thomas Cantaloube pour Mediapart. Chacun sait qu’il s’agit vraisemblablement de l’épisode électoral le plus médiocre et le plus affligeant de l’histoire des Etats-Unis. Certes du côté démocrate la préférence de cœur allait naturellement à Bernie Sanders, ce que l’on comprend aisément, mais les nostalgiques de la candidature de ce dernier font un peu trop la fine bouche et ne semblent pas avoir pris conscience que leurs tergiversations facilitent la tâche du candidat d’en face — il semble difficile de dire le candidat républicain tant les divergences sont profondes au sein de ce camp — dont l’objectif majeur est de propager la haine. Aucun développement sérieux dans tous les domaines principaux, tels que l’économie, l’éducation, la préservation de la planète (le réchauffement climatique étant, a-t-il dit, une invention des chinois pour détruire l’économie américaine) et la politique étrangère. Rien, le vide sidéral.
Mais des insultes, des menaces, la promesse de construire des murs, sans oublier le mépris affiché pour les femmes et le rejet de toutes les composantes ethniques qui constituent la base et le ciment des Etats-Unis. La haine, donc, entretenue médiatiquement, répétée à chaque discours (qui n’est, en fait, qu’un flot d’insultes), une posture aux antipodes de la solidarité, de la fraternité indispensables à l’évolution de tout groupe humain. Ce retour aux années 1930 est en train d’installer une atmosphère de guerre civile aussi inimaginable qu’effroyable. Le New York Times, dans une enquête de janvier 2016, a montré que les attitudes et les propos racistes sont de plus en plus ouvertement affirmés et revendiqués. Le même journal a également donné une information inquiétante selon laquelle des milices armées se préparent dans l’Amérique profonde en cas de victoire d’Hillary Clinton. La haine, le rejet de l’autre, l’exclusion, voilà des domaines dans lesquels Trump, une fois élu, trouverait de très nombreux alliés, de Poutine jusqu’à Erdogan en passant par Netanyaou, Orban et Marine Le Pen — la liste n'étant malheureusement pas exhaustive — sans oublier François Hollande, avec le projet de déchéance de nationalité, et Manuel Valls, avec ses inqualifiables propos sur les Roms.
Un grand pas pour l'humanité, disait Neil Armstrong, en posant le pied sur la lune en juillet 1969. Aujourd'hui très vraisemblablement un grand bond en arrière...