A la veille du procès qui le conduisit finalement en prison pour fraude fiscale, pour une durée de dix-sept ans, le 16 octobre 1931, le tristement célèbre Alphonse Capone, qui n’aimait rien tant que de parader devant la presse, déclara sans vergogne : I've been made an issue and I'm not complaining, but why don't they go after all those bankers who took the savings of thousands of poor people and lost them in bank failures?, ce qui signifie : on a fait de moi un problème et je ne me plains pas, mais pourquoi ne s’en prennent-ils pas à tous ces banquiers qui ont volé les économies des pauvres gens et les ont engouffrées dans la faillite de banques ? Al Capone aimait se donner les apparences d’une sorte de Robin des bois, a public benefactor, un bienfaiteur public qui disait de lui-même : I’ve given people light pleasures, shown them a good time, littéralement j’ai donné aux gens des plaisirs légers et je leur ai montré comment prendre du bon temps.
Mais le naturel n’était pas loin. Quelques mois auparavant, le 17 avril, au terme d’une audition menée par l’agent fédéral du trésor américain, Frank Wilson, Al Capone lui lança en partant : How's your wife, Wilson? You be sure to take care of yourself, en d’autres termes : comment va votre femme Wilson ? Surtout prenez bien soin de vous (lire ici l’interview complet). Et le jour du procès, le 17 octobre 1931, avant que le juge Wilkinson ne prit la décision historique et victorieuse d’échanger le jury, largement corrompu par les hommes de Capone, avec celui de son collègue Edwards, dans une salle d’audience voisine, Capone, applaudi par les spectateurs, habillé comme un prince, paradait et toisait le même juge, sûr de pouvoir sinon acheter le juge mais, en tout cas, d’obtenir un accord, avant que de sombrer en toute justice.
On retiendra la manipulation de la presse, le sens de la provocation et de l’intimidation, la corruption, le mépris des juges et de la justice et le sentiment d’être au-dessus des lois. Toute ressemblance avec des situations connues et des personnages, qui le sont tout autant, n’a strictement et absolument rien de fortuit…
On peut écouter, ici, l’excellent interview de Jonathan Eig, auteur de The Rise and Fall of Gangster Al Capone, sur la radio américaine NPR, National Public Radio.
Al Capone © wikipedia. Il s'agit bien d'Al Capone, photographié à Alcatraz, malgré une étonnante ressemblance avec un responsable (un gros mot de toute évidence) de parti politique qui s'est découvert une passion récente pour les scellés...