Miriam Makeba, voix splendide et pure, femme belle et engagée, militante intrépide et inlassable défenseur des droits des opprimés, magnifique symbole de la lutte contre l'apartheid dans son pays natal, l'Afrique du Sud, est morte comme elle avait vécu, dans l'engagement permanent. Car, à 76 ans, c'est en Italie qu'elle est morte, après avoir participé à un concert de soutien à Roberto Saviano, journaliste et écrivain italien menacé de mort par la mafia.
Après avoir vécu une enfance et une adolescence pauvres et difficiles, Miriam Makeba avait réussi à faire reconnaître son exceptionnel talent de chanteuse et à en faire son métier, qu'elle partit exercer aux Etats-Unis en 1961, à l'occasion d'une tournée. Ce dont profita honteusement le régime sud-africain blanc pour la forcer à l'exil, qui dura jusqu'à la libération de Nelson Mandela en 1990, et à la priver de sa nationalité pour avoir participé à un film dénonçant le scandaleux et ignoble apartheid. Ses ennuis ne s'arrêtèrent pas là, puisqu'aux Etats-Unis, après avoir épousé le leader des Black Panthers, Stokely Carmichael, elle fut interdite de séjour, et son existence devint itinérante entre la Guinée, l'Europe, où elle eut la douleur de perdre son unique fille en 1985, et l'Amérique du Sud.
Plusieurs quotidiens de langue anglaise ont mis ce triste évènement à la une. C'est le cas du Cape Times, du New York Times et du Guardian., lien sur lequel on pourra savourer une intéressante vidéo. C'est Nelson Mandela, en personne, qui l'avait convaincue de revenir vivre dans son pays natal, dès l'accession de ce dernier au pouvoir et dès l'abolition de l'apartheid. Chanteuse engagée à la voix sublime, Miriam Makeba avait dédié sa vie à son engagement. J'avais eu le bonheur et le privilège de l'entendre et de la voir, en 1983, lors du Festival de Musique de Besançon, dans le cadre magnifique de la Saline Royale d'Arc-et-Senans, conçue par le visionnaire Claude-Nicolas Ledoux. Ce fut un moment exceptionnel et inoubliable. Il faut écouter et ré-écouter l'inoxydable Pata Pata, sans oublier le superbe A luta continua ni l'exaltante co-interprétation de la chanson de Paul Simon, Under African Skies,en mémoire de cette femme remarquable.