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Billet de blog 10 décembre 2015

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Adieu Monsieur 5,63%

Depuis 2012, François Hollande n'a tenu aucune de ses promesses et, pire encore, a cru bon de nommer à Matignon, en 2014, un homme, Manuel Valls, ultra-minoritaire au sein du PS, qui a détruit le parti socialiste. Il est temps qu'il s'en aille.

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Éliminé au soir du premier tour de la primaire socialiste, le 9 octobre 2011, avec le piteux score de 5,63% des voix des militants et sympathisants ayant pris part au vote, il est hautement souhaitable que Manuel Valls soit aussi éliminé de son poste de premier ministre au soir du 13 décembre 2015 pour l’ensemble de son œuvre, qui est vaste dans son inconsistance et impressionnante par son vide sidéral. Pourtant il était annoncé haut et fort qu’on allait voir ce qu’on allait voir, au soir du 31 mars 2014.

En effet ce jour-là Manuel Valls entre à Matignon après avoir organisé en coulisses la disgrâce de son prédécesseur, Jean-Marc Ayrault, puis avoir éliminé les « gêneurs » qu’étaient Arnaud Montebourg et Benoît Hamon,  qui risquaient d’exiger qu’il tînt ses promesses, le 25 août de la même année. Manuel Valls s’était fait connaître jusque-là, en tant que ministre de l’intérieur, surtout par une identification de grande force mimétique — un hommage à la théorie du regretté René Girard — au comportement et au langage d’un des occupants préalables de la place Beauvau, Nicolas Sarkozy. Car, si nul n’a oublié les sinistres et affligeants  discours de Dakar et de Grenoble, personne, dans la camp des démocrates et de la gauche toute entière, ne saurait oublier non plus les lamentables propos de Manuel Valls sur les Rroms, ni la publicité intempestive et superflue accordée au tout aussi lamentable Dieudonné. 

La seule politique que Valls a menée de façon suivie depuis 2012, c’est la recherche systématique du bouc émissaire, qu’il s’agisse, selon les mois de l’année, des Rroms, des salariés d’Air France insultés pendant que leurs dirigeants étaient cajolés,  ou des députés socialistes, abusivement nommés — et ce choix sémantique est fort révélateur — « frondeurs » alors qu’ils entendaient simplement respecter leurs engagements auprès de leurs électeurs et faire leur travail de parlementaire. C’est aussi l’adoption d’un langage martial, sans oublier l’intronisation au gouvernement du tristement célèbre Macron, qui a autant de liens avec le parti socialiste et les engagements du candidat Hollande en 2012 que la reine d’Angleterre avec le concept de lutte des classes. Pendant ces quelques dix-huit mois qu’il a indûment passés à Matignon, Manuel Valls a surtout montré qu’il n’a strictement aucune ligne idéologique digne de ce nom.

Les mouvements de menton ne sauraient constituer une ligne politique respectable et l’organisation de la mise en danger de la vie démocratique du pays par le biais de l’état d’urgence restera une marque indélébile dans son passage au pouvoir, car, vouloir restreindre les libertés de tous les citoyens sous couvert de surveillance de terroristes potentiels, dont la trace a été abandonnée par manque de moyens budgétaires, est une farce dangereuse qui pourrait tourner à la réelle dystopie si l’extrême droite s’approchait un peu trop près du pouvoir. Bref il est grand temps que Manuel Valls consacre plus de temps à sa touchante complicité avec Paris-Match et au club qu’il avait créé en 2009 « A gauche besoin d’optimisme ». Il conviendra qu’il le renomme simplement « Besoin », à gauche et optimisme étant totalement superflus. Il va donc falloir restaurer la démocratie, la gauche, l’espérance et le rêve, mais bien sûr sans le démolisseur-en-chef.

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