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Billet de blog 11 avril 2014

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L'auteure Sue Townsend (1946-2014) : humour, succès et simplicité

Susan Lilian Townsend connut un succès littéraire immédiat, en 1982, avec la publication de The Secret Diary of Adrian Mole, Aged 13 ¾, journal intime d’un adolescent britannique assez maladroit et peu inspiré — obsédé par la sexualité.

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Susan Lilian Townsend connut un succès littéraire immédiat, en 1982, avec la publication de The Secret Diary of Adrian Mole, Aged 13 ¾, journal intime d’un adolescent britannique assez maladroit et peu inspiré — obsédé par la sexualité. “I was racked with sexuality but it wore off when I helped my father put manure on our rose bed” , littéralement « j’étais tourmenté par la sexualité, mais ça a disparu quand j’ai aidé mon père à étendre du fumier aux pieds des rosiers » — à mi-chemin entre le Grand Duduche et Gaston Lagaffe, qui met en lumière des petites choses sans importance de la vie quotidienne, avec un humour décapant, tout en servant de porte-voix social et politique à son auteure. Adrian Mole a été traduit en quarante-huit langues et vendu à plus d’un million d’exemplaires. Ce succès n’a jamais tourné la tête de Sue Townsend, qui est restée fidèle à ses racines, à sa classe sociale, à sa ville,  sorte de working-class hero.

Née le 2 avril 1946, à Leicester, en plein cœur des Midlands, aînée de cinq filles, Sue Townsend caractérise le Royaume-Uni des années d’après-guerre et va grandir avec ses contemporains, les Beatles, eux aussi issus de la classe ouvrière. Son père était ouvrier dans une usine de moteurs d’avion avant de devenir facteur, sa mère, femme au foyer, complétait les revenus familiaux en travaillant dans la cantine d’une usine. Sue ne sut écrire que tardivement, à l’âge de huit ans, sans doute terrorisée à l’école primaire par un instituteur, qui, à la moindre erreur dans les récitations, installait ses élèves en appui renversé sur l’estrade pour les frapper sauvagement sur les cuisses. Elle donnera vie à ce triste personnage, dans The Secret Diary of Adrian Mole, sous les traits de la secrétaire de l’école, avec son vrai nom, Mrs. Claricotes.

Après avoir échoué l’examen d’entrée en Grammar School, elle intègrera la Secondary School de South Wigston où elle restera jusqu’à l’âge de quinze ans, tout en développant une véritable passion pour la lecture des classiques de la littérature, pour ensuite chercher du travail. A quatorze ans elle commence un journal intime. Sa vie va ressembler rapidement à celle des personnages des romans d’Alan Sillitoe. Tour à tour vendeuse, ouvrière en usine, elle se marie à dix-huit ans avec un ouvrier métallurgiste et, à vingt-deux ans, elle a déjà trois enfants. Elle divorce sept ans plus tard, retourne aux petits boulots sans lendemain, entre dans une troupe de théâtre, y rencontre son futur second mari, Colin Broadway, avec qui elle aura un quatrième enfant et qui l’encourage  à écrire et va faire naître sa carrière de romancière et de dramaturge à succès.

En 1979 elle écrit sa première pièce de théâtre pour Thames Television, et, en arrière-plan, son personnage d’Adrian Mole commence à prendre forme. Dotée d’un dynamisme à toute épreuve et d’un sens de l’humour décapant, la carrière de Sue Townsend va réellement commencer, alors qu’elle fait front face aux ennuis de santé récurrents : infarctus à trente ans, maladie de Charcot trois ans plus tard, Sue Townsend devient diabétique en 20001 — ce qui va conduire progressivement à sa cécité, elle devra dicter ses derniers ouvrages à son fils Sean —, dialysée à partir de 2009, transplantée l’année suivante (son fils Sean lui donnera un rein), mais rien n’entame sa bonne humeur et sa capacité créatrice. Elle ajoute à ses romans non seulement des pièces de théâtre, mais aussi des contributions régulières au Sunday Times, Daily Mail, Observer, ainsi qu’une rubrique Adrian Mole, dans le Guardian entre 1999 et 2001, intitulée The Secret Diary of a Provincial Man. Parmi ses derniers ouvrages, on notera le désopilant The Queen and I, 1992, histoire d’une révolution qui conduit la reine à survivre grâce aux aides sociales.

Socialiste de toujours et de cœur, Sue Townsend ne cachait pas son agacement profond face à ce qu’elle considérait comme la trahison du New Labour, détestait Blair et vénérait Tony Benn. Elle aimait être dans sa ville et l’argent gagné grâce à ses succès considérables ne lui avait pas fait oublier ses origines. Elle avait racheté deux pubs populaires menacés de fermeture définitive. Son dernier roman, The Woman Who Went to Bed for a Year, 2012, est à la fois prémonitoire et sombre, l’histoire d’une femme d’âge mûr dont les enfants sont partis à l’université et qui va se mettre au lit et y rester.

L'hommage de la presse britannique :

http://www.theguardian.com/books/2014/apr/11/sue-townsend-1946-2014

http://www.telegraph.co.uk/culture/books/10759215/Sue-Townsend-dies-aged-68.html

http://www.thetimes.co.uk/tto/news/uk/article4060688.ece

http://www.bbc.com/news/entertainment-arts-26982680#%22

http://www.independent.co.uk/news/people/news/sue-townsend-death-author-of-adrian-moles-secret-diary-dies-aged-68-9253185.html?utm_source=indynewsletter&utm_medium=email11042014

Adrian Mole :

The Secret Diary of Adrian Mole, Aged 13¾ (1982

The Growing Pains of Adrian Mole (1984)

The True Confessions of Adrian Albert Mole (1989)

Adrian Mole From Minor to Major (1991)

Adrian Mole: The Wilderness Years (1993)

Adrian Mole: The Cappuccino Years (1999)

Adrian Mole and the Weapons of Mass Destruction (2004)

The Lost Diaries of Adrian Mole, 1999–2001 (2008)

Adrian Mole: The Prostrate Years (2009)

Autres romans :

Rebuilding Coventry (1988)

The Queen and I (1992

Ghost Children (1997

Number Ten (2002)

Queen Camilla (2006)

The Woman Who Went to Bed for a Year (2012)

Womberang (Soho Poly – 1979)

Théâtre :

The Ghost of Daniel Lambert (Leicester Haymarket Theatre – 1981) Theatre closed in January 2006

Dayroom (Croydon Warehouse Theatre – 1981)

Captain Christmas and the Evil Adults (Phoenix Arts Theatre – 1982) now known as the Phoenix Arts Centre

Bazaar and Rummage (Royal Court Theatre – 1982)

Groping for Words (Croydon Warehouse – 1983)

The Great Celestial Cow (Royal Court Theatre and tour – 1984)

The Secret Diary of Adrian Mole aged 1334-The Play (Leicester Phoenix – 1984) now known as Phoenix Arts Centre

Disneyland it Ain't (Royal Court Theatre Upstairs – 1989)

Ten Tiny Fingers, Nine Tiny Toes (Library Theatre, Manchester – 1989)

The Queen and I (Vaudeville Theatre – 1994, 

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