C’est une évidence depuis le 23 juin. Avec le référendum sur le Brexit, ce sont les apprentis-sorciers et les fous du roi qui ont gagné sans avoir, bien évidemment, réfléchi décemment aux conséquences désastreuses de cette décision qui emmène les îles britanniques vers le Royaume de plus en plus et totalement désuni. Pire même, depuis le 23 juin, il semble qu’en plus du sinistre Boris Johnson Ubu soit aux commandes pour insuffler l’absurdité la plus extrême dans la vie quotidienne des sujets de sa gracieuse majesté et des autres.
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Le quotidien britannique The Guardian a révélé trois cas (qui sont très loin d’être les seuls et les derniers) particulièrement révélateurs de la volonté politique de refermer non seulement l’espace vital mais aussi le lien social et international et de développer un nationalisme exacerbé. Le premier exemple est celui de Monique Hawkins, hollandaise de naissance, mariée à un britannique avec qui elle a eu deux enfants, qui sont britanniques. Monique vit à Londres depuis 24 ans et, après le résultat du référendum, elle a pris la décision d’acquérir, en plus de sa nationalité de naissance, celle de son mari et de ses enfants, pensant qu’il ne s’agirait que d’une formalité. Or le Home Office lui a répondu très sérieusement : you should make arrangements to leave, « vous devriez prendre vos dispositions pour partir ». Son cas a fait l’objet de la « une » du Guardian et, depuis, le Home Office lui a fait savoir qu’elle pouvait rester, mais que pour la nationalité britannique cela demandait réflexion. Comme Monique Hawkins a beaucoup de flegme et d’humour elle a déclaré qu’elle aime beaucoup les Monthy Python mais qu’elle n’imaginait pas se retrouver dans un de leurs sketches.
La situation de Sam Schwartzkopf est pratiquement similaire. De nationalité allemande il s’est installé au Royaume-Uni en 1999. Il est marié à une Britannique, a soutenu une thèse en neurosciences à l’université de Cardiff et fait partie du personnel enseignant de l’université de Londres depuis de longues années. Il a fait la même démarche que Monique Hawkins et a reçu le même accueil chaleureux, you should make arrangements to leave, avec, en prime, un refus justifié par le fait qu’il avait joint à sa demande une photocopie de son passeport en noir et blanc et non pas en couleur…Sam Schwartzkopf, tout comme Monique Hawkins, a reçu le soutien du député de sa circonscription et du Guardian, mais il est, lui aussi, condamné à attendre le bon vouloir de l’administration du Home Office.
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Pour Dom Wolf, c’est pire encore. Il a trente-deux ans, il est né à Londres de parents allemands, et il dispose d’un passeport allemand et d’un certificat de naissance britannique et n’a jamais connu d’autre pays que sa terre natale, c’est-à-dire le Royaume-Uni. Insuffisant pour les bureaucrates du Home Office qui lui ont envoyé la même missive, you should…, et l’expédient dans un univers kafkaien, puisqu’on lui demande de prouver que sa mère résidait bien au Royaume-Uni lorsqu’il est né et on lui conseille de faire une demande de résidence…dans le pays où il est né. Dom Wolf a directement écrit au premier ministre, Theresa May, pour attirer l’attention des autorités sur l’absurdité de son cas et celui de Monique Hawkins et Sam Schwartzkopf. Ces désordres montrent d’une part que ce sont les petits chefs qui semblent avoir pris le pouvoir dans l’administration britannique, des petits chefs qui ont sans doute voté pour le Brexit et qui vont poser un problème sérieux au gouvernement conservateur, car les faits sont têtus, jusqu’au 23 juin (et tant que le départ n’est pas consacré) le RU était membre de l’UE et donc soumis aux règles communautaires selon lesquelles, quiconque a vécu et travaillé plus de cinq ans dans un des pays de l’UE peut obtenir automatiquement la nationalité du pays dans lequel il réside…
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