L’ancien premier ministre conservateur, John Major, qui bénéficia de la fronde anti-Thatcher pour accéder au 10 Downing Street de 1990 à 1997, vient d’étonner le petit monde politique du Royaume-Uni en lançant un plaidoyer vibrant en faveur des plus défavorisés; étonner car on n’a pas le souvenir que le même Major ait eu la même compassion lorsqu’il était à la tête du gouvernement. Tout en reconnaissant — ce qui constitue un minimum — qu’il avait échoué à régler ce problème qu’il qualifie de shocking situation, John Major a présenté à la presse britannique, le 10 novembre, un constat en cinq points qui lui paraissent dignes d’une solution rapide. Le quotidien The Independent a résumé son intervention, avec graphiques à l’appui :
1- L’espérance de vie, sans problème de santé important, des enfants issus des quartiers cossus est de 19 ans supérieure à celle des enfants des zones de pauvreté.
2- Les hommes qui viennent de zones défavorisées vivent en moyenne 10 ans de moins que ceux des beaux quartiers.
3- Le nombre de britanniques qui se tournent vers les banques alimentaires pour survivre a augmenté de 19% pour la période 2014-2015, passant à 1.084.064 depuis 913.138 en 2013-2014.
4- Les plus riches se partagent 40% des richesses du royaume alors qu’il ne reste que 8% pour les plus pauvres.
5- Les foyers les plus indigents du Royaume-Uni ont dû donner 37,8% de leurs revenus en impôts, en 2014, alors que les plus riches n’ont versé que 34,80%.
On pourra toujours reprocher à John Major une prise de conscience fort tardive, comme cela a été fait en introduction, néanmoins force est de constater que sa démarche est altruiste et désintéressée, puisqu’il a cessé toute fonction politique depuis 2001. Et dans le même temps, au sein du parti travailliste, les partisans de Gordon Brown et ceux de Tony Blair, qui aurait pourtant toutes les raisons de se faire oublier définitivement, sont occupés à ourdir en coulisses une révolte, qui oscille entre la farce et la tragédie shakespearienne, pour tenter de renverser Jeremy Corbyn, comme l’ont relaté Cette semaine le Telegraph et le Guardian. Révélateur et pathétique.