 
    Paul Watson, fondateur de la Sea Shepherd Foundation Society, était, hier soir vendredi 11 décembre, à Besançon pour une conférence au Théâtre de l’Espace en compagnie de Lamya Essemlali, militante du même mouvement. La SSFS a été créée en 1977, année où Watson fut exclu de Greenpeace en raison de ses interventions musclées contre des baleiniers russes et japonais. L’engagement de Paul Watson pour la protection des océans et des baleines, entre autres, a toujours été présenté de façon controversée et entouré d’un halo de suspicion. Ainsi il est souvent présenté comme un co-fondateur de Greenpeace, ce que l’organisation a toujours fermement démenti. Par ailleurs son besoin d’actions immédiates est soit salué comme un engagement réel face à ce qui est considéré comme l’attentisme de la philosophie non-violente de Greenpeace, soit dénoncé comme l’aboutissement irresponsable d’un individu qui serait plus un aventurier qu’un militant de la protection de l’environnement. Néanmoins il a donné une conférence fort intéressante et révélé des chiffres effrayants pour l’avenir des océans et de l’humanité.
En préambule de sa conférence Paul Watson a, tout d’abord, regretté vivement que la question de la santé des océans ait été abordée par la COP21 seulement lors de l’avant-dernier jour de l’assemblée plénière, ce qui, à ses yeux, traduit un oubli fâcheux dans le meilleur des cas, une volonté délibérée, dans le pire, de ne pas fâcher les grandes puissances économiques, telles que la Russie ou le Japon, qui pillent consciencieusement les océans depuis des lustres. Il a également ironisé sur les pays scandinaves, la Norvège en particulier, qui, considérés comme des modèles sociaux par ailleurs, ont largement pillé loin de leurs bases de pêche, en réduisant, par exemple, les petits pêcheurs indiens à la misère. Paul Watson se veut résolument optimiste et croit que la nature et les océans se régénéreront, mais prédit qu’à partir de 2050 il n’y aura plus de poissons dans les océans ravagés par la pêche industrielle. 40% des poissons capturés dans les divers océans de la planète ne sont pas destinés à nourrir les hommes mais utilisés dans des produits conçus pour l’élevage en batterie des poulets et des porcs ou pour les chats domestiques. Une seule solution, d’après Paul Watson, pour enrayer cette lente destruction des océans, des animaux qui y vivent et de la chaîne alimentaire, arrêter immédiatement et partout la pêche industrielle.
Le plaidoyer de Paul Watson était très convaincant et généreux de la part d’un homme qui ne l’est pas moins. Sans être le moins du monde spécialiste on regrettera deux points, cependant. Paul Watson considère uniquement les océans et semble se désintéresser des terres, où les problèmes sont pourtant nombreux et de même importance, ceci pour le fond. Sur la forme on pourra s’étonner aussi. Paul Watson est canadien, il s’exprime (et fort bien) en anglais. Il était accompagné d’une interprète qui a donné l’impression d’avoir appris son texte au préalable et qui était visiblement incapable de traduire les propos du conférencier, lorsqu’il sortait (fréquemment) des sentiers battus, auquel cas il était apostrophé par un inattendu et fort peu courtois what? — on apprend aux enfants, en général, à dire I beg your pardon ou could you repeat please, mais certainement pas what? ! — jamais suivi de la traduction correspondante. Ainsi Paul Watson fit part d’une anecdote pittoresque alors qu’il travaillait dans un laboratoire à écouter le cri des baleines. Un scientifique japonais — ce qui, en soi, est déjà cocasse, le Japon étant le champion du monde du massacre des baleines — présent dans ce labo lui demanda ce qu’il écoutait. Watson répondit Whales (des baleines), qui, en anglais a la même sonorité que Wales ( la Pays de Galles), et le Japonais de s’étonner que les gallois puissent produire de tels sons, mais la majorité des présents non-anglophones n’ont pas eu droit à la traduction de ce jeu de mots pourtant savoureux.
 
                 
             
            