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Billet de blog 14 juin 2013

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Au Népal, exil mensuel

C’est un reportage vidéo proprement renversant et terrifiant que le NYT a publié sur son site le 12 juin. Au plus profond du Nepal, à environ quatre cents kilomètres à l’ouest de Katmandou, bon nombre d’hommes pensent dur comme fer que les menstruations sont synonymes d’impureté et de mauvais sort.

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C’est un reportage vidéo proprement renversant et terrifiant que le NYT a publié sur son site le 12 juin. Au plus profond du Nepal, à environ quatre cents kilomètres à l’ouest de Katmandou, bon nombre d’hommes pensent dur comme fer que les menstruations sont synonymes d’impureté et de mauvais sort. C’est la raison pour laquelle des femmes sont contraintes à un exil intérieur chaque mois, littéralement they go to the goth, que l’on peut traduire par elles vont au diable, un endroit retiré de l’habitation de la famille, où elles sont livrées à elles-mêmes avec tous les risques engendrés, viols et grossesses non désirées. Comme en témoigne la jeune fille qui répond aux questions de la journaliste du NYT, Allison Shelley, et qui accepte ce sort inhumain et barbare, sous le prétexte qu’il s’agit d’une tradition ancestrale du village. A voir ici (le lien direct ayant été supprimé par le NYT, il convient d’aller sur la « une », de descendre jusqu’aux vidéos en bas de page, et, avec le curseur, d’aller jusqu’à In Nepal exiled each month).

Le même témoin explique qu’en raison de la naissance de son bébé elle a dû cesser d’aller à l’école. Un homme du village, à propos de qui la journaliste précise qu’il est aussi guérisseur, explique très sérieusement et doctement que si une femme qui a ses règles pénètre dans la maison, les animaux fuiront aussitôt, car la demeure sera souillée. Un tel niveau d’obscurantisme n’a d’égal que le discours de certains sorciers du Malawi, minuscule pays d’Afrique australe coincé entre la Zambie, le Mozambique et la Tanzanie où le taux de sida par rapport à la population globale est un des plus élevés du monde, et ces mêmes sorciers conseillent, le plus sérieusement du monde, aux hommes de faire l’amour avec une jeune fille vierge pour se purifier.

Bien que le gouvernement népalais ait déclaré cette tradition hors-la-loi en 2005, le changement dans les petits villages demeure très lent. Malgré un taux d’alphabétisation en augmentation et le travail fait par des bénévoles associatifs qui viennent porter l’information dans les villages, le poids de la tradition et, surtout, de la superstition demeure. Une autre jeune fille témoigne, tout en considérant qu’il est normal que, chaque mois, elle cesse de faire quoi que ce soit dans la maison, préparation du repas entre autres, parce qu’elle est impure. C’est sans aucun doute ce qui est le plus inquiétant, c’est-à-dire que la victimisation et le bannissement régulier soient admis puisque partie intégrante de la tradition, qui ne peut être qu’un obstacle à l’éducation et à l’égalité.

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