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Billet de blog 14 juillet 2008

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La captivité rend-elle mystique ?

Tout le monde, on le sait, sans exception aucune, s'est réjoui de la libération d'Ingrid Bettancourt. On ne peut qu'éprouver de la compassion devant une femme à qui les Farc ont volé six ans de sa vie.

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Tout le monde, on le sait, sans exception aucune, s'est réjoui de la libération d'Ingrid Bettancourt. On ne peut qu'éprouver de la compassion devant une femme à qui les Farc ont volé six ans de sa vie. Nul ne sait exactement quelles souffrances et quels tourments elle a endurés pendant cette très longue détention. Dans ce type de situation, les choix culturels, philosophiques ou religieux, tout autant que la force de caractère, peuvent être un recours et un moyen de défense contre le désespoir, le désarroi, la déchéanceet la solitude. Il semble tout à fait évident que, dans le cas de l'ex-otage franco-colombienne, la foi, sans doute héritée d'une culture ou d'une éducation catholique, lui a été d'une aide précieuse.

Nul ne pourrait s'arroger le droit d'en discuter les fondements ou la validité. Et le faire depuis son fauteuil, devant son ordinateur, relèverait à la fois de l'indécence ou de la grossièreté. Ceci étant posé, il est difficile de ne pas être interloqué devant les démonstrations auxquelles Ingrid Bettancourt s'est livrée depuis sa libération. Elle s'est, tout d'abord, agenouillée sur le tarmac de l'aéroport, sitôt descendue de l'avion, pour prier. Ce premier geste inattendu est certainement à classer dans la catégorie des "pertes et profits", tant fut grande l'émotion consécutive à la sensation de retrouver la liberté. Mais, ensuite, à Paris, dans les studios de RFI, avant de s'adresser, en espagnol, à ceux qui sont toujours otages des Farc, elle a commencé par prier. Le problème avec ces deux premières initiatives est qu'à partir du moment où un choix d'ordre privé fait l'objet d'une telle publicité et d'un tel écho dans le domaine public, on sombre dans le dogmatisme le plus complet.

Si l'on en croit les réactions imprimées, de façon fort discrète ici et là, ces manifestations ne feraient pas l'unanimité de son entourage, ses enfants compris. L'épisode le plus pénible est venu, en fin de semaine dernière, avec la visite d'Ingrid Bettancourt à Lourdes, avec un hommage appuyé à Bernadette Soubirou. C'est à la fois pathétique, triste et inquiétant. Et il est permis de se demander, avec toute la réserve et la modération qu'engendre une telle réflexion, si l'ex-otage n'a pas un grand besoin d'aide psychologique. L'ultime étape la conduira, semble-t-il, en visite au Vatican, où Benoît le seizième du nom ne pourra que se réjouir d'une telle aubaine en matière de communication.

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