Il est bien évident que céder à la généralisation hâtive est toujours condamnable et que dans les rédactions respectives du Figaro et de L’Equipe la qualité du travail journalistique est non seulement indéniable mais avérée. Cependant il n’en est pas de même avec la direction éditoriale de chacun des organes de presse précités et la tendance à servir de porte-voix à des intérêts de classe ou de perspective commerciale est évidente et proprement consternante.
Ainsi le Figaro, dans ses éditoriaux, n’a pas eu de mots assez durs pour dénoncer une « justice laxiste » vis à vis des « petits délinquants » et s’en prendre nommément à Christiane Taubira, désignée coupable de ces faiblesses présumées de l’instance judiciaire. Or voilà que dans son édition de ce jour, le même quotidien relaie complaisamment les propos surréalistes du candidat de la droite (dont on rappelle accessoirement qu’il est officiellement mis en examen pour « détournement de fonds publics, complicité et recel de détournement de fonds publics, complicité et recel d’abus de biens sociaux, et manquement aux obligations déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique ») affirme sans rire « qu’il sera au second tour » et le même journal de se réjouir que « le chef d’inculpation de trafic d’influence n’ai pas été retenu ». Quelle consolation pathétique et quel mépris de la justice que cette attitude qui consiste à réclamer toujours plus de sévérité avec les délinquants issus des classes populaires et à afficher la plus grande solidarité avec les délinquants des classes aisées, tels que Fillon, Sarkozy, Balkany et bien d’autres encore ! Un choix éditorial à rapprocher du soutien sans faille à l’arrogante et insupportable Agnès Molinié-Verdier, expert auto-proclamée en économie alors qu’elle a, pour tout diplôme une maîtrise d’histoire, et qui vient sur tous les écrans expliquer doctement qu’il faut réduire le nombre de fonctionnaires et mieux gérer l’argent public, alors même que l’institut qu’elle dirige ne vit que des subventions publiques !
Mais il était dit aujourd’hui que le Figaro ne serait pas seul dans les choix immondes et soutiens impossibles et moralement incitatifs à la nausée. En effet, le jour où l’AS Monaco joue sa qualification pour les quarts de finale de la Ligue des champions de football, ainsi que l’indice UEFA et l’avenir du football français, L’Equipe a sollicité l’avis d’un « expert » dont le sens de la morale est désormais bien connu, Bernard Tapie ! C’est le même quotidien qui appelle régulièrement à la clarté et à la propreté dans tous les sports, et, en particulier dans le football (où le chantier est considérable) et qui va jusqu’à mettre en doute la probité (un domaine dans lequel Tapie a fait ses preuves) de l’arbitre du match retour Barça-Psg, ce qui est infiniment plus pratique que de s’interroger sur les deux premiers buts encaissés par le club parisien et dignes d’une promotions de ligue, soit la huitième division.
Si d’aventure Jacques Mesrine et Réné Vignal, ancien gardien de but qui a passé plusieurs années en prison à la suite de ses participations à des attaques à main armée, étaient encore de ce monde, les deux journaux en question seraient certainement allés les solliciter pour avoir leurs solutions pour lutter contre la délinquance…