Mardi 14 octobre, un jeune indien de 33 ans, Aravind Adiga, a été désigné, contre toute attente, lauréat du Booker Prize 2008, équivalent britannique du Goncourt. Les romanciers confirmés, tels que Sebastian Barry et Amitav Ghosh, étaient largement favoris. Mais finalement le jury a préféré un journaliste indépendant, correspondant du magazine américain Time, et de plusieurs journaux britanniques, parmi lesquels The Financial Times, The Sunday Times et The Independent. Adiga vit à Bombay et se voit couronné pour son tout premier roman, The White Tiger.
Qu'un débutant triomphe ainsi n'est pas une première, comme le rappelle Charlotte Higgins, dans l'édition du 15 octobre du Guardian, puisqu'avant lui Keri Hulme en 1985, Ben Okri en 1991, à l'âge de 32 ans, DBC Pierre en 2003, et l'excellente Arundhati Roy en 1997, avec le pittoresque The God of Small Things, avaient été récompensés pour leur première production. Le jury était présidé par l'ex-chef du parti conservateur, Michael Portillo, éphémère ministre de la défense sous les ordres de John Major, de juillet 1994 à juillet 1995, et retiré de la politique en 2005 après avoir perdu son siège de député. Selon Portillo, le scrutin a été serré.
The White Tiger met en scène un jeune indien issu d'un milieu modeste - son père conduisait un pousse-pousse - qui va s'élever dans la société, grâce à son intelligence, mais aussi à son sens du mensonge et de la trahison, toute ressemblance avec des personnages connus en France étant purement fortuite. Le président du jury a déclaré : "This book knocked my socks off", expression idiomatique qui signifie qu'il est resté pantois (d'admiration), littéralement "ça lui a arraché les chaussettes", ce qui n'est pas une première pour lui, puisque les électeurs de Kensington et de Chelsea s'étaient déjà chargés de lui dévêtir largement les pieds en 2005.