Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

552 Billets

20 Éditions

Billet de blog 15 novembre 2013

Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

John Major récidive et le prince Charles... attend

Après avoir dit tout le mal qu’il pensait et qu’il pense toujours de l’actuel premier ministre britannique, David Cameron, comme l’a montré un précédent billet de ce même blog, John Major, lui-même ex-occupant du 10 Downing Street, a récidivé à la veille du 11 novembre, devant un auditoire conservateur de la circonscription de South Norfolk.

Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Après avoir dit tout le mal qu’il pensait et qu’il pense toujours de l’actuel premier ministre britannique, David Cameron, comme l’a montré un précédent billet de ce même blog, John Major, lui-même ex-occupant du 10 Downing Street, a récidivé à la veille du 11 novembre, devant un auditoire conservateur de la circonscription de South Norfolk. En cette occasion John Major s’en est pris avec véhémence aux élites sociales et politiques du Royaume-Uni, ce qui prouve que sa première attaque contre Cameron ne devait rien au hasard, était aux antipodes d’un dérapage isolé et était mûrement réfléchi. Les termes utilisés par l’ex-premier ministre dissipent toute ambiguïté. Pour Major tous les échelons du pouvoir au Royaume-Uni sont occupés et confisqués par la riche bourgeoisie issue des écoles privées.

Our education system should help children out of the circumstances in which they were born, not lock them into the circumstances in which they were born, a notamment déclaré John Major. Ce qui signifie : Notre système éducatif devrait aider les enfants à sortir des conditions dans lesquelles ils sont nés et non pas à les y enfermer. Des propos fort nobles auxquels on ne peut que souscrire. L’ancien leader conservateur ne s’est pas contenté de cette flèche. Il a exhorté non seulement son parti mais ses concitoyens à accepter l’évolution de la société, notamment le mariage homosexuel, mais aussi la volonté d’indépendance des écossais. Il a également conseillé aux ministres de réserver leurs critiques au huis clos du conseil des ministres et non pas aux journaux, ce qui semble paradoxal puisque c’est ce qu’il fait depuis un mois, mais il n'est, certes, plus en fonction. Enfin, dernière charge de cavalerie, John Major a lancé entre autres soundbites – dont l’équivalent sémantique est « la petite phrase » – la critique suivante qui pourrait être méditée de ce côté-ci de la Manche : We don't need to make personal attacks on Ukip. It is far more productive to expose the follies in their policies. Nous n’avons pas besoin de lancer des attaques personnelles sur Ukip (United Kingdom Independent Party). Il est bien plus productif de montrer les sottises de leur programme politique. A lire ici l’article du Guardian du 11 novembre.

Si la première intervention de John Major avait suscité un silence embarrassé à droite, un ancien premier ministre qui critique un successeur, c’était tellement inattendu, surtout au sein du parti conservateur, et, en même temps, tellement savoureux puisqu’il a exprimé tout haut ce que tout le monde chez les Tories pense tout bas. Mais là fini de rire, ce n’est plus pareil, John Major, de modeste extraction, s’en prend à l’establishment et aux public schools, bref à l’essence même de la société britannique, my goodness! Alors aussitôt le Daily Telegraph, dans son édition du 15 novembre à lire ici,  est monté au créneau, pourtant au lendemain des célébrations de l’armistice, pour dire, en « une », à John Major que sa saillie verbale contre les public schools était silly, misguided and counterproductive, donc entendez : stupide, mal venue et contre-productive. Si l’on en croit le quotidien conservateur John Major serait devenu un dangereux marxiste capable d’alimenter la lutte des classes dans le royaume. Une sommité de l’éducation, Martin Stephen, a été un peu plus courtois sur son blog du Telegraph, en faisant remarquer néanmoins qu’il se trompe de cible, Sir John Major has picked the wrong target. Comme David Cameron a compris rapidement que, dans la situation d’impopularité où il se trouve son intérêt est d’être moins rigide que la rédaction du Telegraph, il a pris en compte les critiques de son prédécesseur, comme le relate le Guardian du 14 novembre.

Le même Guardian avait la veille, le 13 novembre, participé indirectement au débat, avec une ironie décapante, en rappelant que le prince Charles a fêté le 14 novembre son 65ème anniversaire, ce qui fait de lui le seul retraité qui attend avec impatience son premier emploi…

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.