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Billet de blog 16 octobre 2016

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Cameron parmi les pires premiers ministres d'après-guerre

Une enquête organisée par l'université de Leeds et deux instituts de sondages montrent que le bilan de David Cameron, en tant que premier ministre, est considéré par les britanniques comme l'un des plus mauvais depuis 1945.

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Illustration 1
Cameron, avec son épouse et ses enfants sur le perron du 10 Downing Street après sa démission © PA / Hannah McKay

C’est le fruit d’une enquête menée conjointement par l’université de Leeds, et deux instituts de sondages britanniques, Woodnewton Associates et Mori, qui ont sollicité monsieur-tout-le-monde, the man in the street, et 82 universitaires parmi les plus grands spécialistes d’histoire contemporaine et de politique intérieure, invités à commenter non seulement le bilan des premiers ministres mais aussi les sondages. L’analyse incluait les treize premiers ministres depuis 1945, dans l’ordre chronologique, Clement Attlee, Winston Churchill, Anthony Eden, Harold Macmillan, Alec Douglas-Home, Harold Wilson, Edward Heath, James Callaghan, Margaret Thatcher, John Major, Tony Blair, Gordon Brown et David Cameron (la quatorzième Teresa May ne peut pas encore être jugée, mais ne perd sans doute rien pour attendre…).

Chaque « sondé » a été soumis à une question à cinq subdivisions : Dans quelle mesure considérez-vous que chaque premier ministre a eu une influence positive ou négative sur 1) la société britannique, 2) l’économie britannique, 3) la politique étrangère et le rôle du Royaume-Uni dans le monde, 4) son propre parti, 5) la démocratie britannique. Selon les réponses apportées par les sondés à chaque subdivision, chacun des treize premiers ministres s’est vu attribuer, par les universitaires pré-cités, une note de 0 à 10. Le grand vainqueur et premier du classement ainsi constitué, avec 8,5 sur 10, est le premier ministre travailliste de l’immédiat après-guerre, Clement Attlee, ce qui ne surprendra personne car Attlee incarne le Welfare State, que les conservateurs s’ingénient à détruire depuis 2010, et l’esprit de solidarité sociale inhérente à la reconstruction du pays. En deuxième position, arrive, étonnamment, le tristement célèbre rhinocéros, Margaret Thatcher avec un total de 7,2. Étonnamment puisque Thatcher n’obtient qu’un seul résultat positif (politique étrangère, + 31), et se permet le luxe de dépasser le monument qu’est Winston Churchill, qui, il est vrai, a été jugé sur son passage au 10 Downing Street de 1951 à 1955 et non pas sur ses années de guerre, puisque l’analyse démarre en 1945, et, de fait, ne se classe que 7ème. En 3ème position arrive Tony Blair, avec 6,7 juste devant Harold Macmillan, premier ministre conservateur de 1957 à 1963, dont l’histoire retiendra la célèbre phrase We’ve never had it so good, on n’a jamais été aussi heureux. *

Mais la surprise, qui au vu des évènements récents n’en est pas vraiment une, vient du classement du sortant conservateur, David Cameron, qui est classé 11ème sur 13 (avec un seul total positif, +31 sur la société britannique) avec un total de 4 sur 10 possibles, et qui arrive péniblement avant le très terne, insipide et éphémère Alec Douglas-Home (3,8) et Anthony Eden (2,4) miné par sa très mauvaise gestion de l’affaire de Suez en 1956. Ainsi Cameron paie ses atermoiements et sa décision d’apprenti-sorcier d’organiser un référendum sur le Brexit, lamentable petite manœuvre de politique intérieure, qui plonge son parti, son pays et l’Europe dans une crise aigüe. L’actualité est cruelle puisqu’on apprend aujourd’hui que, d’une part, deux jours avant le référendum, Boris Johnson s’apprêtait à faire machine arrière en appelant à rester dans l’UE et, d’autre part, que le financier de Nigel Farage, l’ex toujours leader de UKIP, est un évadé fiscal. Bloody Sunday pour les pitres…

* L’intégralité du classement est à consulter sur le site suivant :

https://theconversation.com/academics-rate-david-cameron-among-worst-post-war-prime-ministers-66780

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