A cette question posée à Pierre Mendès-France par Jean Lacouture, dans l’ouvrage consacré au président du conseil de 1954 (Éditions du Seuil, 1981) le premier nommé lui répondit ceci :
« N’est-ce pas celui qui croit possible le bonheur des hommes ; qui pense que ce bonheur doit être fondé sur la justice et la liberté ; qui se persuade que seule la raison peut organiser cette justice et cette liberté, chose matérielles d’abord, exprimées en droits et en biens que ne limitent ou ne commandent ni frontières ni données ethniques, et faire qu’il n’y ait pas, entre ces deux valeurs fondamentales, antinomie ? »
Il semble beaucoup trop tard pour espérer que le clone du petit père Queuille et celui de Guy Mollet qui occupent respectivement l’Élysée et Matignon puissent non seulement intégrer cette noble réflexion dans la leur mais également la mettre en pratique.
Dans le même cadre d’entretiens préalables à la publication de l’ouvrage pré-cité, Pierre Mendès-France a livré cette vision qui ne laisse aucune chance à la tête — un bien gros mot en l’occurrence — de l’exécutif actuel :
« Je crois que si l’Histoire a un sens , elle n’en est pas moins, dans une certaine mesure, malléable. Il y a des possibilités de fluctuation, d’accélération, de ralentissement, des circonstances favorables qui permettent d’anticiper certains progrès, des circonstances défavorables qui retardent certaines maturations. Si les hommes auxquels le pouvoir est confié interprètent convenablement la réalité historique à laquelle ils sont confrontés, ils peuvent favoriser des accouchements, les rendre moins pénibles, moins douloureux ; ou au contraire freiner tel ou tel progrès. »
Il est évident que François Hollande n’a favorisé aucun changement depuis son élection et, en perpétuant l’immobilisme de son prédécesseur, il n'a malheureusement rien interprété et est devenu un obstacle au progrès social et politique.