Les Minquiers constituent un petit archipel d'environ 1 km2, à marée haute, qui se situe au sud de Jersey dans les îles anglo-normandes. Il y a quelques maisons de pêcheurs, mais aucun habitant. Très intéressant, mais, allez-vous légitimement vous dire, quelle mouche l'a donc piqué pour quitter l'observation de la presse de langue anglaise et nous faire un billet sur un tas de cailloux qui, même, à marée basse, n'intéresse strictement personne, si ce n'est les mouettes et les goélands ?
C'est très simple, c'est tout d'abord l'homophonie et l'homographie avec un personnage connu, que j'avais évoquées dans un précédent billet, et qui m'ont été remises en mémoire par l'excellent article de Laurent Mauduit du 13 juin, puis par le billet sur son blog le 16 juin. Mais il y a mieux.
En regardant attentivement les caractéristiques de ce mini archipel, on constate tout d'abord qu'au 19ème siècle il a servi de repère aux contrebandiers qui y cachaient les produits, ramenés de terres lointaines par des corsaires, qu'ils faisaient ensuite entrer clandestinement en France. L'histoire devient intéressante, mais il y a encore mieux, et on entre dans le domaine de l'analogie et du mimétisme.
A la même époque, des pêcheurs fraudeurs avaient fait des Minquiers leur base stratégique de repli pour y accomplir leurs forfaits. Leur technique consistait à mettre au mouillage les embarcations très souvent volées, dans lesquelles se trouvait le produit de leurs larcins, à les laisser couler en retirant le bondon placé à fond de cale, puis à venir récupérer leurs marchandises à marée basse pour aller les vendre.
Il faudrait maintenant l'aide d'un archiviste-historien pour voir si, parmi les embarcations volées et pillées, une ne s'appelait pas Le Monde…