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Billet de blog 17 juin 2015

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Succession de Miliband, un nouveau venu

La campagne interne au parti travailliste pour l’élection du successeur d’Ed Miliband semble prendre un peu d’ampleur, ou tout au moins d’animation, au Royaume-Uni et redonner un peu de souffle aux vaincus des dernières législatives, qui ont quand même beaucoup de mal à reprendre leurs esprits.

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La campagne interne au parti travailliste pour l’élection du successeur d’Ed Miliband semble prendre un peu d’ampleur, ou tout au moins d’animation, au Royaume-Uni et redonner un peu de souffle aux vaincus des dernières législatives, qui ont quand même beaucoup de mal à reprendre leurs esprits. Le vote commencera au milieu du mois d’août et sera clos le 10 septembre, le nom de l’heureux élu sera divulgué lors de la Labour Conference du 12 septembre. Il y a déjà trois candidats officiels, qui ont dépassé le seuil requis de 35 parrainages de parlementaires et dont il a été question dans un précédent billet. Un quatrième s’est déclaré le 15 juin, de façon inattendue. Il s’agit de Jeremy Corbyn, député travailliste depuis 1983, élu de la circonscription d’Islington North au nord du grand Londres et ré-élu très confortablement le 7 mai avec plus de 60% des suffrages. Inattendue l’émergence de Corbyn, parce que son nom n’a jamais été évoqué jusqu’à présent parmi les possibles successeurs de Miliband. Il a néanmoins réussi, à la surprise générale, à collecter les nécessaires parrainages.

Jeremy Corbyn est un authentique militant de gauche, l’antithèse exacte de Blair et de la sinistre nébuleuse New Labour. Il fait partie du Socialist Campaign Group et tient une chronique hebdomadaire dans le Morning Star, quotidien de la gauche britannique. Il a été de tous les combats depuis la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, dans les années 1980, ce qui a lui a valu plusieurs arrestations au terme de manifestations contre le régime ségrégationniste des blancs d’Afrique du Sud. Il est membre de longue date du CND, Campaign for Nuclear Disarmament. En sa qualité de député il s’est publiquement opposé à l’invasion de l’Irak et, donc, à l’alignement inconditionnel de Tony Blair sur les choix de Bush fondés sur le mensonge éhonté des armes de destruction massive. Il a également fait partie des députés travaillistes qui ont voté contre la décision du premier gouvernement Blair, en 1998, de faire payer un droit d’entrée élevé aux études supérieures (Tuition Fees). Cette fidélité à ses engagements électoraux lui a valu le respect de ses électeurs qui le ré-élisent régulièrement depuis 1983 avec une confortable majorité.

 Si Jeremy Corbyn a atteint le seuil des 35 parrainages, il convient désormais d’amplifier ce résultat en multipliant le nombre de soutiens jusqu’au début du vote, mais c’est là que va sans doute émerger la difficulté majeure. En effet si Corbyn jouit d’une réputation de véritable travailliste, il n’est pas encore acquis que cette aura lui soit suffisante pour être élu à la tête du Labour ou simplement jouer un rôle dans la phase finale. D’autant que les militants travaillistes, qui ressemblent à un troupeau égaré, ont du mal à se remettre du refus de concourir d’un cinquième candidat potentiel. Il s’agit de Dan Jarvis, ex-officier supérieur de l’armée britannique et député de la circonscription de Barnsley Central dans le sud Yorkshire, dont l’aura est immense au sein du Labour. Son image est celle d’un homme d’action — officier parachutiste ayant servi au Kosovo, en Sierra Leone notamment — et d’un authentique militant — il est membre du parti travailliste depuis l’âge de dix-huit ans. Avec quatre candidats estampillés « authentiques travaillistes », dont deux femmes, la campagne pour la direction du Labour va peut-être sortir la base, the rank-and-file, de la torpeur et de la tristesse.

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