Dans son édition du 17 mai, le New York Times fait état des résultats d'un sondage organisé conjointement avec la chaîne de télévision CBS News, sur un échantillon de 1.368 adultes interrogés par téléphone entre le 28 mars et le 4 avril. Selon cette enquête, 81% des Américains interrogés, démocrates et républicains, hommes, femmes, urbains et ruraux, diplômés de l'université et non-diplômés, considèrent que la gestion politique et économique des Etats-Unis a pris une mauvaise direction. 69% font remonter cette dérive à 2007, 35% à 2002.
78% pensent que le pays est dans une situation pire qu'il y a cinq ans. Cependant si la guerre en Irak et le terrorisme étaient les boucs émissaires préférés des Américains, au début de 2007, ils ne sont plus que 17% à penser ainsi. Les deux journalistes du NYT qui ont analysé ce sondage, David Leonhardt et Marjorie Connelly, jugent ces résultats d'autant plus étonnants que, d'ordinaire, l'opinion publique affiche un mécontentement de cette ampleur à la fin d'une crise. Or celle-ci ne fait que commencer.
21% des sondés demeurent optimistes et estiment que l'économie, dans son ensemble, est en bon état, chiffre de satisfaction, néanmoins, le plus bas depuis 1992. Dans une régularité permanente depuis l'été 2007, 28% des Américains sont satisfaits de George Bush, taux d'impopularité jamais atteint par un président en exercice. Même Jimmy Carter, dont la fin de mandat avait été gravement entachée par l'échec de l'opération de sauvetage des otages américains à l'ambassade de Téhéran en 1980, n'était pas tombé aussi bas. Par ailleurs, une majorité, 51%, fait porter la responsabilité de la crise immobilière à l'administration républicaine et non aux banques et est convaincue que le gouvernement devrait aider les victimes de la hausse des taux d'intérêt.
La morosité atteint toutes les couches de la population, puisqu'il n'y a plus que 46% des parents pour penser que l'avenir sera meilleur pour leurs enfants. Ils étaient 57% en 2005. Enfin, 68% se disent favorables à des mesures de protection de l'industrie américaine, contre 55% en 1996.
Ces chiffres alarmants ont dû être portés à la connaissance de George Bush, président sortant, et McCain, candidat républicain pour 2008, mais, pour l'heure, leur dernière déclaration publique, presque conjointe, a été de dire que Barack Obama serait capable de négocier avec des terroristes. C'est un peu court, outrancier et hors-sujet.
http://www.nytimes.com/2008:04/04us/04poll.html