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Billet de blog 19 mars 2015

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Les navrants stéréotypes du premier ministre australien

 A l’occasion de la Saint-Patrick le 17 mars, que célèbrent les Irlandais d’Irlande et du monde entier, le premier ministre australien, en poste depuis le 18 septembre 2013, chef du parti libéral, Tony Abbott, s’est livré à un pitoyable exercice de démagogie à l’endroit de la colonie irlandaise d’Australie.

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A l’occasion de la Saint-Patrick le 17 mars, que célèbrent les Irlandais d’Irlande et du monde entier, le premier ministre australien, en poste depuis le 18 septembre 2013, chef du parti libéral, Tony Abbott, s’est livré à un pitoyable exercice de démagogie à l’endroit de la colonie irlandaise d’Australie.La colonie irlandaise représente, selon le dernier recensement du début de l’année 2015, un total d’environ 2.100.000 soit presque 10% de la population globale australienne qui a atteint précisément 23.779.800 — les Irlandais qui ont quitté leur pays sont tellement nombreux à travers le monde que, depuis juillet 2014, il y a, en Irlande, un ministre d’état pour la diaspora, Jimmy Deenihan. C’est la raison pour laquelle Tony Abbott a entrepris une opération de séduction tellement lourde et stéréotypée qu’elle a embarrassé son propre gouvernement et son parti (d’autant que le message étant presque identique à celui de l’an dernier) et qu’elle a provoqué la fureur du premier ministre irlandais, Enda Kenny.

Outre son insistance éléphantesque à affirmer haut et fort qu’il avait mis une cravate verte, pour bien montrer qu’il est à la fois proche des Irlandais et qu’il se moque des écologistes — it’s the only day of the year it’s good to be green —, ce qui ne manquera pas d’indigner légitimement les défenseurs de l’environnement australien et les autres, puisqu’en bon camarade du pathétique Claude Allègre, il nie l’évidence du changement climatique et refuse toute mesure de protection — l’Australie produit 261 millions de tonnes de charbon pour sa consommation, soit 54% de son énergie, et exporte 200 millions, ce qui en fait le premier exportateur du monde. La phrase qui a exaspéré tout le monde — lire ici la réaction, dans les colonnes de l’Irish Independent, du premier ministre irlandais, consterné d’entendre associer alcool et irlandais — est la suivante : I’m sorry I can’t be there to share a Guinness or two, even three. Cette lamentable façon de cultiver les clichés et les stéréotypes est le fondement de la ségrégation et du racisme. Et l’indignation engendrée un peu partout dans le monde par le syllogisme irlandais donc forcément alcoolique a fait oublier la phrase précédente de cette sinistre tentative.

The English made the laws, the Scots made the money and the Irish made the songs. Littéralement les Anglais ont fait les lois, les Ecossais ont fait l’argent et les Irlandais ont fait les chansons (entendez, bien sûr dans l’esprit du locuteur australien, lorsqu’ils sont bien éméchés). On serait tenté d’ajouter à cette pénible énumération que les Australiens ont fait Abbott, ce qui ne constitue en rien un progrès matériel et moral pour l’humanité ni une référence pour l’amitié entre les peuples.

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