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Billet de blog 19 juillet 2008

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Les Britanniques se soucient-ils de la qualité de leur langue comme de leur première chemise? C'est, en quelque sorte, la question que Catherine Bennett, journaliste à l'hebdomadaire The Observer, a posé dans l'édition du 13 juillet. En d'autres termes, la langue anglaise, qu'il s'agisse de langue parlée ou de la langue écrite, se détériorerait et les sujets de sa gracieuse majesté y seraient royalement indifférents.

La question posée n'est pas nouvelle et le débat fait rage, depuis des lustres, entre les partisans de la culture qui privilégient la transmission d'une langue pure et sans tâche et les adeptes de la communication, qui soutiennent une communication fondée sur le pragmatisme et non pas sur la qualité académique de la dite langue, ce qui a engendré ce que l'on appelle communément International English. Il s'agit d'un outil d'échange linguistique compris d'une majorité, mais qui prend quelques licences avec les normes grammaticales et langagières. Ainsi, on a pu entendre, de ce côté-ci de la Manche, bon nombre de continentaux se réjouir de comprendre Yasser Arafat ou Jacques Delors lorsqu'ils s'aventuraient à parler anglais. Le drame est que ces derniers n'étaient pas compris des anglophones, ce qui n'est pas de bonne augure pour perpétuer la communication.

Le problème soulevé par Catherine Bennett est l'incapacité de plus en plus importante d'enfants de plus en plus nombreux à parler et à écrire correctement anglais à l'entrée de l'école primaire. Problème qui se retrouve à l'échelon universitaire, puisque le General Medical Council se plaint que la qualité de l'anglais écrit et parlé des médecins travaillant au Royaume-Uni est de plus en plus alarmante. De fait, dans les grammar schools britanniques, équivalents des lycées, il arrive que l'on propose d'étudier les chansons de l'ex-groupe musical suédois Abba plutôt que les poèmes de Keats. La journaliste regrette même qu'il n'y ait pas d'équivalent de la loi Toubon pour préserver l'intégrité de la langue anglaise.

Au-delà du caractère étonnamment xénophobe d'une telle constatation qui ne va guère dans le sens de l'histoire et qui reprend indirectement les regrets de Margaret Thatcher qui voyait une évolution de la langue anglaise vers une lingua franca, la réflexion est un peu courte, d'autant qu'elle se fonde essentiellement sur le fait que le nouveau sélectionneur de l'équipe de football anglaise, Fabio Capello, ne parle pas anglais, argument fort peu représentatif. On rappellera que parmi les non-natifs de la littérature de langue anglaise, on peut citer, entre autres, le brillantissime Kazuo Ishiguro et son remarquable The remains of the day, judicieusement adapté au cinéma par Mike Nichols, en 1993. Une langue, comme une société, évolue par les différents apports, ajouts et brassages. Que les abonnés de Mediapart n'hésitent pas à savourer ce clip du chanteur nigérian, Uzodinma Okpechi, certes peu académique, mais extrêmement coloré, sympathique et attachant.

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