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Billet de blog 19 octobre 2016

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Royaume-Uni, deux partielles pour remplacer Jo Cox et David Cameron

Deux élections législatives partielles, deux circonscriptions distinctes, deux contextes différents et, pourtant, la même incertitude pesante, en raison de l'instabilité au sein des deux partis politiques dominants ou présumés tels.

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Cameron, Courts et May ("Ils sont heureux la joie brille dans leurs yeux...) © WPA Pool / Getty Images

Jeudi 20 octobre 2016 deux élections législatives partielles vont se tenir au Royaume-Uni et suscitent l’intérêt des britanniques,  mais aussi des européens car, si les deux ne changeront guère la configuration de la chambre des communes, quel que soit le résultat, elles auront pourtant une portée symbolique non négligeable. Dans la circonscription feutrée de Witney, au cœur de l’Oxfordshire, les électeurs devront élire un député qui remplacera le premier ministre conservateur sortant, David Cameron. Dans celle de Batley and Spen, dans le West Yorkshire, il s’agira de trouver un successeur à Jo Cox, la jeune députée travailliste sauvagement assassinée dans la rue le 16 juin 2016 par un désaxé d’extrême droite opposé à l’UE.

Deux partielles et deux contextes différents, mais avec autant d’incertitudes dans un cas comme dans l’autre. Le siège de Witney a été libéré, comme chacun sait, par la démission de David Cameron, qui, au lendemain de son désaveu cinglant infligé le 23 juin par ses compatriotes lors du référendum sur l’appartenance à l’UE, présenté sous le raccourci très négatif du Brexit. L’ex-premier ministre avait pourtant assuré les électeurs de Witney qu’il resterait député jusqu’aux prochaines élections législatives en 2020, puis s’était ravisé en déclarant pompeusement qu’il ne voulait pas gêner Teresa May et être son Ted Heath (en référence à la présence pesante et embarrassante  aux communes de ce dernier pendant les mandats de Margaret Thatcher). Personne n’a été vraiment surpris car Cameron a tout dit et son contraire depuis 2010. Néanmoins d’un strict point de vue éthique et démocratique, on ne peut que se réjouir, de ce côté-ci de la Manche, de voir un battu se démettre de ses mandats, alors que le paysage politique français est rempli de gens qui s’accrochent désespérément au pouvoir pendant des décennies, même et surtout s’ils ont des comptes à rendre à la justice.

Il y aura sept candidats dans la circonscription de Witney. Les Tories ont investi Robert Courts, un avocat, conseiller régional depuis 2014, qui, si l’on en juge à sa mine sur les photos officielles de campagne, ne semble pas vraiment ravi d’avoir vu débarquer conjointement Teresa May, l’actuelle premier ministre, et David Cameron, le sortant, pour un soutien qui interroge et qui pourrait s’avérer   rédhibitoire en raison de l’impopularité des deux leaders pré-cités. Le Labour a choisi également un conseiller régional, Duncan Enright, tout comme les Lib-Dems qui ont choisi une conseillère régionale aussi Liz Leffman, conseillère régionale aussi qui présente la particularité d’être arrivée en deuxième position en 2005, derrière Cameron. UKIP a promu un ancien militaire, Kenrick Bird, et les English Democrats un ancien boxeur, Winston McKenzie. Les médecins soucieux de défendre le service public de santé, que pourfend inexorablement le parti conservateur, ont créé un parti, National Health Action Party, dont la candidate sera Helen Salisbury, médecin généraliste à Oxford. Mais l’originalité vient des Verts en l’occurrence, puisque le candidat du Green Party sera Larry Sanders, juriste américain qui a la double nationalité depuis qu’il est devenu maître de conférences à l’université de West London en 1968, et qui est le frère de Bernie Sanders, le sénateur du Vermont, candidat malheureux à l'investiture démocrate pour la présidentielle américaine.

Illustration 2
Helen Joanne Cox © Houses of Parliament

Les divisions sont nombreuses et profondes au sein du parti conservateur et la circonscription de Witney, fief Tory depuis 1990 et plutôt favorable au maintien du RU au sein de l’UE puisqu’elle a voté à 54% pour le maintien le 23 juin, pourrait faire payer aux Tories leurs tergiversations, ce qui pourrait faire le jeu du candidat Lib-Dem ou du travailliste. En 2015, David Cameron l’avait emporté avec 60% des voix, un tel scénario pour les conservateurs est désormais fort peu probable. Paradoxalement, la circonscription de Batley and Spen pourrait être soumise aux mêmes incertitudes, alors qu’en 2015, la regrettée Jo Cox avait été élue avec 14.000 voix d’avance sur son adversaire conservatrice. Cependant il y aura dix candidats pour la succession de Jo Cox. Si l’investiture a été donnée à une native de la région, Tracy Brabin, actrice très populaire dont la notoriété est fondée sur les nombreuses séries télévisées dont elle a été la vedette, la victoire n’est pas assurée non seulement en raison du nombre de candidats, mais également à cause de la présence de trois indépendants, dont un ouvertement anti-Corbyn. Le paysage politique britannique pourrait amorcer un changement.

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Tracy Brabin, actrice et candidate travailliste à la succession de Jo Cox © BBC Radio Times

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