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Billet de blog 19 décembre 2016

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Londres, un chef étoilé et un personnel sous-payé

On peut être un chef étoilé célèbre, propriétaire d’un restaurant chic et à la mode au cœur de Londres (Upper Brook Street, derrière Hyde Park) et être terriblement distrait…

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Illustration 1
Le Gavroche © Alex Muller

On peut être un chef étoilé célèbre, propriétaire d’un restaurant chic et à la mode au cœur de Londres (Upper Brook Street, derrière Hyde Park) et être terriblement distrait… En effet Michel Roux, propriétaire du Gavroche, trois étoiles au guide Michelin, a fait la « une » du Guardian le 13 décembre à la suite de la publication d’un rapport officiel, car il paie son personnel 5.50 £ / heure (soit environ 6,60 €) alors que le minimum légal est de 7.20 £ (soit 8,60  €) dans un restaurant où la mousse de homard au caviar et à la sauce au champagne est à 62.80 £ (75 €). Or le dit personnel travaille jusqu’à 68 heures par semaine pour 375 £ (450 €) alors que la rémunération légale devrait être de 490 £ (584 €), un écart considérable donc. Mais il ne savait pas qu'il sous-payait ses chefs ! On nous cache tout, on ne nous dit rien, on nous informe vraiment sur rien, chantait Dutronc dans les années 1960. Michel Roux est le patron mais il ne savait rien ! 

C’est tout au moins ce qu’il a déclaré au quotidien britannique dans un système de défense que ne renierait ni Richard Virenque ni Christine Lagarde. Il plaide donc la bonne foi. Écrasé par le travail — ce qu’on lui concédera volontiers, la restauration étant un univers difficile, mais la remarque est aussi et surtout valable pour le personnel en cuisine — , il ignorait que les salaires de ses chefs étaient inférieurs au minimum légal. Cependant dans le Guardian daté du 13 décembre, il confie négligemment  I like to be in control of everything, « j’aime tout contrôler »…sauf le respect du salaire minimum horaire ? Le même chef aggrave son cas dans l’édition du 19 décembre du Guardian qui est revenu à la charge sur l’irrespect de cette règle-là. En effet Michel Roux tente de redorer son blason, d’autant qu’il n’y a pas eu grand monde dans la profession pour le soutenir,  en indiquant, haut et fort, qu’il va se transformer en Père Noël et payer des primes à ses chefs, mais chacun sait que les primes ne sont pas des salaires, et puis, au détour de la conversation, il dit au journaliste du Guardian Robert Booth que donner 7.20 £ /heure à un débutant est un risque majeur, ce qui signifierait donc qu’il est préférable de le sous-payer à 5.50 £ ?…

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