L’Apprenti Sorcier, c’est le titre de la symphonie créée par Paul Dukas en 1897, dont l’aura a été prolongée par les studios Disney, en 1940 – étrange année pour évoquer un apprenti sorcier – avec la création de Fantasia et l’adaptation de l’ouvrage musical de Dukas. Ce dessin animé met en scène un Mickey – quelle délicieuse analogie ! – qui découvre un pouvoir enchanteur et ne peut plus le maîtriser…jusqu’à l’arrivée du maître. Il est bien évident que, par le choix de ses clivages, de ses anathèmes, de ses dénonciations, de la haine et du racisme entretenus, l’actuel président de la République ressemble à s’y méprendre à ce minuscule héros, largement dépassé par les évènements.
Et la façon dont il s’est précipité à Toulouse, hier, pour réagir face à l’odieux et barbare attentat, a quelque chose d’indécent, car son empressement avait, malgré la réserve nécessaire à l’exercice, trahissait une secrète jubilation de pouvoir enfourcher le thème inespéré de l’unité nationale. Et les media aux ordres, ce qui est un pléonasme quand on parle des chaînes de radio et de télévision, ont relayé son message jusqu’à la nausée, qui, paradoxalement, ne touchait plus le fond du sujet abordé mais sa forme. Car enfin, l’apprenti sorcier n’a cessé, depuis mai 2007, de semer sans distinction et sans retenue, la haine, le clivage social, le sens du privilège. Il a tellement semé qu’il a perdu toute crédibilité et son insistance médiatique d’hier ne pouvait masquer l’espoir qu’il entretient, de toute évidence, de voir les sondages maison lui donner quitus de tous ces moulinets.
L’éditorial du New York Times, en date du 14 mars, que l’on peut lire ici, a renvoyé l’image que l’actuel occupant de l’Elysée donne de lui et indirectement du pays, avec un titre savamment évocateur : Mr. Sarkozy on the low road. Littéralement to be on the low road signifie se comporter de façon malhonnête, un titre qui se suffit à lui-même. L’apprenti sorcier a fait son travail. Et quand on voit son comité de soutien, Bernadette Chirac, Gérard Depardieu, Bernard Tapie, il ne manque plus, comme l’a dit l’excellent Didier Porte, dans sa chronique d’hier, que Dodo-la-saumure pour compléter cette cour des miracles.