Dans la presse anglophone, la qualité éditoriale a, entre autres, deux références majeures : le Guardian au Royaume-Uni et le New York Times aux Etats-Unis. Hélas le quotidien newyorkais a, dans son édition du 19 avril que l’on peut consulter ici, écorné l’audience et la réputation dont il bénéficiait jusqu’à présent. En effet, si le titre de l’article, sur l’élection présidentielle française, est conforme à une analyse et un constat attendus qui ne peuvent que consacrer des perspectives sombres pour l'actuel occupant de l'Elysée, With Votes Days Away, Outlook for Sarkozy Dims, en revanche le contenu de l’article et le choix des sources laissent songeur et montrent que le NYT louche dangereusement vers la droite française.
Outre les qualificatifs fort élogieux à l’égard du sortant, energetic, bold, indefatigable, énergique, intrépide, infatigable, que l’on ne contestera pas mais qui, de toute évidence, procèdent d’une singulière orientation pour une introduction ; c’est la prophétie du cinquième paragraphe qui ne peut que susciter des doutes sur la compétence et l’indépendance de Steven Erlanger, journaliste auteur de l’article. Mr. Sarkozy has had contentious but valuable relationships with Chancellor Angela Merkel of Germany. Donc M. Sarkozy a eu des relations controversées mais précieuses avec la chancelière allemande Angela Merkel. Pour bien asseoir cette contre-vérité, le NYT avertit les électeurs français : A victory by even a centrist Socialist like Mr. Hollande…would create immediate strains with Germany, ce qui signifie, Une victoire même par un socialiste centriste comme M. Hollande créerait des tensions immédiates avec l’Allemagne.
A ce stade de la lecture de l’article, on s’interroge légitimement sur les sources. Outre Pierre Haski, qui a vendu Rue89 et sans doute son âme au Nouvel Observateur et qui constitue, néanmoins, la seule référence sérieuse, on trouve un florilège de références qui laissent pantois : Christian Malard, météoritique ex-étudiant du département d’anglais de la Faculté des Lettres de Besançon sous son vrai nom, Molard, et présenté, ici, sans rire comme senior analyst ; Catherine Nay, compagne d’Albin Chalandon et biographe de Sarkozy ; Nicolas Baverez, économiste ultra-libéral bien connu qui ferait passer Sylvestre pour un gauchiste et, last but not least, l’éminence grise du sortant issue de l’extrême droite, Patrick Buisson. On peut exprimer un regret, néanmoins : que Steven Erlanger n’ait pas poussé plus loin son audace journalistique, en allant consulter Arianne Massenet ou Anne Sinclair. Une chose est sûre : le New York Times a voté…