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Billet de blog 20 mai 2015

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Les radios commerciales britanniques censurées sur l'affaire HSBC

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Le groupe britannique Global Radio, qui est propriétaire de plus d’une dizaine de radios commerciales— dont Capital, Capital Xtra, Heart, Classic FM, Smooth Radio, LBC, XFM, Gold, et Real Radio XS entre autres  — ce qui représente environ 23 millions d’auditeurs à travers le Royaume-Uni —, a interdit aux rédactions de ces différentes radios de parler à l’antenne du scandale HSBC, le 9 février 2015, lorsqu’a été révélé comment cette même banque donnait à ses riches clients britanniques les meilleures méthodes d’évasion fiscale. Cette information a été donnée, hier, par le Guardian et l’Independent. Les journalistes des deux quotidiens sont remontés jusqu’à cette situation de gigantesque censure par l’intermédiaire de l’OfCom, The Office of Communications, l’autorité britannique de régulation des media, qui avait été alertée, dès le lendemain, 10 février, par un auditeur régulier de la très sérieuse LBC London Broadcasting Company qui a acquis une certaine notoriété dans le domaine des entretiens politiques, depuis sa création en 2007 — qui s’étonnait de ne pas avoir entendu cette affaire développée sur ses ondes favorites.

Avec un cynisme achevé, les dirigeants du groupe Global Radio ont admis avoir « conseillé » aux journalistes des différentes radios de ne pas évoquer le sujet. Un « conseil » très fort qui avait valeur d'interdiction, bien évidemment. En revanche, le même groupe n’a pas expliqué les raisons de cette inacceptable censure, mais tout le monde les devine. Il s’agissait d’une part d’éviter tout désagrément à un annonceur, HSBC, dont les dirigeants sont des amis de leurs homologues de Global Radio, d’autre part de ne froisser en aucune manière les riches clients britanniques de HSBC. Pour mémoire Global Radio a été créé, à Londres, en 2007 par Michael Tabor, homme d’affaires sulfureux connu pour ses activités d’organisateur de courses de chevaux et de paris, propriétaire lui-même de plusieurs écuries,  accessoirement ami d’une grande partie de l’état-major du parti conservateur et donateur de ce parti. En cette période de festival la palme de l’hypocrisie et de la complicité de classe revient au porte-parole de l’OfCom, qui a apporté sa bénédiction à Global Radio, par le biais d’une phrase qui semble tout droit sortie du vocabulaire orwellien de la dystopie : there was no indication that the independence of its news coverage had been compromised, ce qui signifie « rien n’indique que l’indépendance de la couverture de l’information ait été compromise ». Le moins que l’on puisse dire est que la révélation faite par le Guardian et l’Independent n’a pas été relayée et n’a pas fait l’objet de l’écho que ce scandale mérite.

En effet le Times n’en a pas parlé du tout, ce qui ne surprendra personne, car Rupert Murdoch ne veut, lui non plus, en aucun cas faire de la peine à ses amis du monde des affaires et de la politique. Quant au Telegraph, il n’a pas davantage évoqué cette censure, puisqu’il la pratique. On a appris, hier aussi, que le chef du service politique, Peter Oborne, a démissionné le 17 février après avoir constaté que ses articles consacrés au scandale HSBC avaient purement été supprimés par la direction du quotidien. En quelque sorte une reprise du feuilleton diffusé sur ITV dans les années 1970 et intitulé Upstairs Downstairs, dont le titre pour la télévision québécoise est : Maîtres et Valets…

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