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Billet de blog 20 novembre 2015

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"L'Intranquille", la grande librairie que Besançon attendait

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Depuis une semaine Besançon a enfin la grande librairie qu’une (ex-)capitale régionale mérite, un soulagement et une véritable bouffée d’air frais, L’Intranquille — en plein centre de« la boucle » au 59 de la rue des Granges —  ce qui marque la fin d’une grande période de disette. En effet, dans ce domaine Besançon, « vieille ville espagnole » selon la terminologie hugolienne, est restée accrochée à une autre métaphore du même auteur, puisque, pour l’accès aux livres, c’était plutôt « morne plaine », Waterloo donc. Depuis le 25 août 2012, date de la fermeture définitive de la librairie Camponovo, les bisontins n’avaient plus beaucoup de solutions sérieuses et dignes de ce nom pour assouvir leur passion de lecture, si ce n’est avoir recours, contraints et forcés, à un site d’autant plus connu que le journaliste Jean-Baptiste Malet a fait toute la lumière sur son fonctionnement réel*. Donc, grâce à l’ouverture de L’Intranquille, Besançon retisse le lien avec son passé immédiat et plus lointain, puisqu’au début des années 1970 il y avait sept librairies, dont une consacrée uniquement aux ouvrages de langue anglaise, ce qui semblait tout à fait approprié pour une ville universitaire de 127.000 habitants.

 Après 17 mois de travaux monumentaux, L’Intranquille Plazza — son nom complet est une référence aux années 1970, période pendant laquelle le lieu hébergeait un cinéma, Le Plazza, après avoir été une chapelle au début du vingtième siècle — s’ouvre sur cinq niveaux et plus de 1.200 m2, le dernier étage réservé aux livres d’art est la coupole de l’ex-chapelle. L’ancien bâtiment a non seulement été préservé, mais, en plus, il a été associé à une décoration moderne, sobre et fonctionnelle, ce qui fait que l’ascenseur aux parois transparentes côtoie les coins et recoins de l’ancienne bâtisse, où se logent les quelques 80.000 livres du lieu, qui, par sa base triangulaire et son originalité, fait penser à la librairie Le Bleuet, installée, elle,  au milieu de nulle part dans le petit village de Banon, dans les Alpes de Haute-Provence, à deux pas du plateau d’Albion. Le propriétaire de L’Intranquille, Michel Méchiet, qui a déjà créé avec succès une librairie du même nom à Pontarlier, s’est entouré d’une équipe de vingt personnes et sa louable initiative a déjà suscité un engouement  considérable  et répond à une attente  enthousiaste, d’autant que le centre de Besançon donnait la fâcheuse impression de commencer à passer l’arme à gauche au profit des sinistres ZAC de la périphérie horriblement identiques de Dunkerque à Istres et de Quimper à Strasbourg. Le 13 décembre Besançon ne sera plus capitale régionale et deviendra l’annexe de Dijon dans la nouvelle région Bourgogne Franche-Comté, mais, avec cette nouvelle librairie, les amoureux de la lecture, de la littérature et des arts  auront un motif de fierté.                     

 * En Amazonie, Fayard, 2013.

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