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Billet de blog 21 février 2017

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Montée de l'antisémitisme dans les universités britanniques

De Moscou à Washington, en passant par Istanbul, Londres et Paris, les régimes dictatoriaux et les apprentis fascistes libèrent une parole que l'on espérait enfouie dans les poubelles de l'histoire...

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Depuis plusieurs semaines le monde universitaire britannique et les syndicats étudiants sont en émoi. Une série de graves incidents à caractère clairement antisémite ont émaillé le premier semestre de quelques universités et continuent à semer le trouble. Ainsi, la semaine du onze février 2017, des croix gammées et des inscriptions vantant « les droits des blancs » ont fleuri dans l’entrée de toutes les résidences d’étudiants de l’université d’Exeter, dans le Devon, qui draine quelques 23.000 étudiants.  Le doyen de l’université d’Exeter a, dans un premier temps, tenté de minimiser l’incident, en déclarant qu’il s’agissait « d’une plaisanterie mal avisée et profondément agressive », an ill-judged, deeply offensive joke. Or il n’y avait, dans cet incident, rien qui relevait de la plaisanterie ni de l’acte isolé.

D’une part à Exeter ont fleuri des T-shirts fièrement arborés par quelques énergumènes décérébrés sur lesquels on pouvait lire, entre autres horreurs : « Ne me parlez pas si vous n’êtes pas blanc » ou bien encore « L’holocauste c’était le bon temps », avec photos complaisamment relayées sur Facebook ®. D’autre part des comportements et incidents identiques ont eu lieu dans d’autres universités du royaume, comme celles de Southampton, Glasgow, Sheffield, York et Londres. Même la vénérable institution qu’est Cambridge n’a pas échappé à cette effroyable vague, puisque des feuillets niant l’existence de la Shoah et chantant les louanges de David Irving, pseudo historien, condamné à plusieurs reprises pour négationnisme, ont été distribués à l’intérieur du campus et collés sur les pare-brises des aires de stationnement avoisinantes.

Selon le syndicat des étudiants juifs, UJS, Union of Jewish Students, et l’Observatoire de la communauté juive, CST, Community Security Trust, il y a eu 41 incidents antisémites en 2016 dans les universités britanniques contre 21 en 2015. L’ex-doyenne du St-Anne’s College d’Oxford, Ruth Deech, qui siège à la chambre des Lords avec le titre de baronne et dont les parents ont fui les persécutions des nazis en Autriche, a eu cette métaphore brutale et très expressive, Attacks on Jewish students in universities today should be seen as the canary in the coalmine. It starts there and it spreads. On devrait considérer les agressions contre des étudiants juifs à l’université comme une alerte (littéralement comme le canari dans les mines de charbon — qui était sensible au monoxyde de carbone avant l’homme et dont la mort avertissait les mineurs du danger mortel). Ça commence là et ça se propage. 

A ce jour, c’est-à-dire une semaine après que les évènements ont été évoqués par la presse britannique, la ministre de l’éducation du gouvernement conservateur de Theresa May, Justine Greening, n’a toujours pas fait la moindre déclaration…

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