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Billet de blog 21 septembre 2016

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Belfort, le nom d'un milicien donné à une rue de la ville?

Le conseil municipal du très sarkozyste député-maire de Belfort, Damien Meslot, s'apprête à donner le nom d'un milicien à une rue de la ville, lugubrement révélateur d'une tendance très répandue à banaliser l'inbanalisable.

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Depuis hier, mardi 20 septembre, le tribunal administratif de Besançon examine la plainte déposée par Jean Borgo, arrêté par la milice de Limoges puis déporté, et Michel Blum, dont seize membres de sa famille ont été exterminés dans les camps nazis, lesquels Borgo et Blum demandent que le projet du conseil municipal de Belfort de donner un nom de rue à André Tisserand soit définitivement abandonné. Ce dernier, né à Limoges en 1919 et mort à Belfort en 1997, fut un des membres les plus actifs et les plus zélés de la milice de sa ville natale, chef-lieu de la Haute-Vienne, à seulement 22 kilomètres du petit village d’Oradour-sur-Glane où la population locale (hommes, femmes, enfants et vieillards) fut massacrée par une division SS le 10 juin 1944. André Tisserand a été aux côtés des nazis jusqu‘au bout de la guerre, il fut le fondateur des Corps Francs, mouvement paramilitaire qui a aidé la Gestapo dans toutes ses exactions. La population belfortaine a, de toute façon, la mémoire très courte car ce même André Tisserand fut élu député UDR en 1968, pour un unique mandat, dans l’impossible assemblée gaulliste d’après mai et juin 1968, où même un manche-à-balai avec l’étiquette UDR aurait été élu. 

En 1946 une fort aimable et complaisante décision de la cour civique de Pau avait levé la peine d’indignité nationale de Tisserand en acceptant l’allégation mensongère de ce dernier,  selon laquelle il aurait sauvé la vie de trois juifs avant d’entrer en résistance, alors qu’il a aidé à la déportation de centaines d’entre eux. Or, à Limoges en particulier, il n’existe aucun cas de milicien actif qui serait devenu résistant. De plus il est avéré que Tisserand a spolié au moins une famille juive dont il a réquisitionné l’appartement pour en faire les bureaux de la milice.

Le tribunal administratif de Besançon rendra sa décision jeudi 22 septembre et le conseil municipal de Belfort a prévu de débattre de ce point lors de sa réunion du 29 septembre. Il n’est pas inutile de rappeler que le dit conseil municipal belfortain est dirigé, depuis 2014, par Damien Meslot, membre de l’UMP. Ce dernier a fait l’objet d’une plainte, par la section locale du PS, pour « manœuvres frauduleuses » lors des élections cantonales de 2004, puis a été condamné, en 2010, pour « outrage à magistrat ». Damien Meslot est un fervent supporter de Nicolas Sarkozy, ce qui n’étonnera personne…

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