A peine revenu dans le gouvernement britannique de Gordon Brown, après deux démissions consécutives à des scandales avérés, en 1998 et 2001, voilà que le nom du sulfureux Peter Mandelson, fraîchement promu au titre de Business Secretary dans la cabinet travailliste de son plus cher ennemi, apparaît de nouveau en "une" du Guardian, dans son édition du 21 octobre.
Mandelson est soupçonné d'avoir séjourné, cet été, sur le yacht, amarré à Corfou, du milliardaire russe Oleg Deripaska. Selon le quotidien britannique il n'était pas seul puisque George Osborne, chancelier de l'échiquier du gouvernement fantôme conservateur de David Cameron, était également à bord, ainsi qu'Andrew Feldman, chargé de la collecte de fonds au sein du parti conservateur. Mandelson a, bien évidemment, le droit de répondre à une invitation privée, mais comment va-t-il justifier sa présence sur ce bateau en même temps que les deux responsables du parti Tory, le milliardaire russe et l'incontournable Rupert Murdoch ?
La rédaction du Guardian croit savoir qu'il ne s'agissait pas d'une réunion entre amis pour un bain en haute mer, mais d'une discrète invitation dans des eaux territoriales non britanniques pour une collecte de fonds illégale, puisque Oleg Deripaska aurait, à cette occasion, versé 50.000 livres sterling à Osborne, environ 80.000 euros donc. La question majeure qui émerge est de savoir quels intérêts communs peuvent bien avoir Mandelson et Murdoch pour participer à une aussi étrange escapade et pourquoi ils ont assisté l'un et l'autre à ce qui ressemble à un petit arrangement entre amis.
Les principaux intéressés ont tous démenti, bien sûr, leur présence sur le yacht, mais on se souvient que Mandelson, pour ce qui le concerne, dans les précédentes affaires de 1998 et 2001, avait d'abord démenti vigoureusement avant d'être contraint à la démission. C'est déjà à Corfou que Mandelson avait fait des confidences au même Osborne pour lui dire tout le mal qu'il pense de Gordon Brown. Quant à Oleg Derispaska, toujours d'après le Guardian, il fait l'objet d'une surveillance de la part de la police britannique qui le soupçonne de mouvements de fonds illicites entre ses entreprises britanniques et ses sociétés off-shore. Peter Mandelson, dont les relations avec l'argent et ceux qui le détiennent demeurent troubles, risque donc, dans le meilleur des cas de devenir un boulet pour Brown, dans le pire de faire un passage météoritique au pouvoir.