Après la démission du président sud-africain,Thabo Mbeki, que ce dernier a annoncée lors d'une intervention télévisée, en direct, dimanche 21 septembre, les supputations, les hypothèses et les tentatives d'explication cheminent ici ou là, pour tenter de comprendre ce qui s'est exactement passé ou, plus simplement ce qui se passe. Le quotidien de Johannesbourg, The Mail and The Guardian, avance quelques idées, dans son édition du 22 septembre.
Le titre révèle une volonté de conciliation, de la part de l'ANC, Zuma promises 'smooth transition', littéralement Zuma [actuel président de l'ANC] promet une transition douce. Or cette présumée bonne volonté n'est guère confirmée par le contenu de l'article. En effet, on apprend d'une part que Mbeki a démissionné de sa fonction de président d'Afrique du Sud, sept mois avant le terme de son mandat, sous la ferme pression de ses camarades de l'ANC, d'autre part que la situation au sein de ce mouvement est loin d'être limpide.
Il y a plusieurs griefs contre le président sortant. Tout d'abord, sa docilité, pour ne pas dire sa faiblesse, face à son voisin, le dictateur Robert Mugabe, a empêché le Zimbabwe de sortir de la crise rapidement et a été très mal ressentie au sein de l'ANC. De plus, il est soupçonné d'avoir usé de son influence présidentielle pour que les poursuites judiciaires contre Jacob Zuma, actuel chef de l'ANC et successeur potentiel, accusé de corruption, soient abandonnées.
Il y a donc désormais deux clans principaux au sein de l'African National Congress. D'un côté il y a les partisans de la continuité sans heurts, et, de fait, implicitement de la confiance accordée à Mbeki et à Jacob Zuma, malgré ses nombreux ennuis. Parmi les soutiens de ces deux personnages historiques, figure un autre historique, le pasteur Desmond Tutu, qui voit dans l'éviction du président actuel, les pratiques et les caractéristiques d'une république bananière. Tutu est un proche de Nelson Mandela, mais ce dernier semble, pour l'heure, garder le silence.
De l'autre côté, il y a une majorité de parlementaires de l'ANC, qui en ont assez de l'image de faiblesse et de corruption systématiquement associée à leur parti et qui veulent la clarté et la probité. C'est la raison pour laquelle ils ont nommé à un poste nouvellement créé, ministre auprès de la présidence, Kgalema Motlanthe, intellectuel de gauche, qui n' a jamais cherché à attirer les projecteurs sur lui. Motlanthe a 59 ans, il a été emprisonné plusieurs fois, notamment à Robben Island, dans le passé, pour avoir lutté contre l'apartheid. Il est vice-président de l'ANC. Il véhicule une image de courage, d'honnêteté et de fidélité à ses idées.
Dans les jours qui viennent, il devrait être élu président par intérim jusqu'au prochain scrutin présidentiel. En Afrique du Sud, le président est élu par le parlement. Les partisans de Motlanthe se plaisent à répéter qu'il n'est pas là uniquement pour un intérim. Au vu de ce qui vient de se passer, il semblerait qu'entre Zuma et Motlanthe le choix ait été fait, tout au moins dans ce qui constitue une première manche.
P.S. : Sur la photo proposée, Zuma est à droite et Motlanthe à gauche.