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L’onde de choc de l’élection de Donald Trump aurait sans doute tendance à faire oublier d’une part que les Américains n’ont pas seulement choisi leurs représentants au Grand Collège Électoral pour désigner le prochain président mais ont également renouvelé l’ensemble du personnel politique, judiciaire et policier, d’autre part que dans ce grand tourbillon électoral subsistent quelques raisons d’espérer sinon de ne pas désespérer. Ainsi la Californie — qui ne rêve pas d’autonomie mais qui pourrait, 39 millions d’habitants, 409.000 km2 — montre la voie dans bon nombre de domaines, notamment la préservation de l’environnement. Largement acquise à la cause démocrate la Californie, îlot de résistance progressive, a massivement voté démocrate le 8 novembre. Cette terre promise pour la famille Joad dans Les Raisins de la Colère (1939), chef d’œuvre de John Steinbeck, entretient quelques lueurs d’espoir dans le paysage politique tourmenté de 2016.
En effet, la ville de Stockton (un peu plus de 300.000 habitants), située à 80 kms au sud de Sacramento, le 8 novembre a élu un nouveau maire, Michael Stubbs, un démocrate. Or l’âge et le parcours de ce dernier font rêver dans cette Amérique devenue un peu folle. Michael Stubbs a 26 ans. Il était conseiller municipal depuis quatre ans. Afro-Américain, Stubbs est né d’une mère adolescente et d’un père qui était en prison à l’époque. De cet environnement familial pauvre et défavorisé Michael Stubbs s’est extrait avec détermination pour devenir diplômé de la célèbre université Stanford, puis, après un stage chez Google et un autre à la Maison Blanche, il s’est lancé en politique avec le succès que l’on sait, d’autant qu’il a axé sa campagne sur la crise du logement consécutive à celle des sinistres sub-primes de 2008. L’exemple de Michael Stubbs n’est pas unique et l’image de la Californie n’en est que plus glorieuse.
Car, dans la banlieue sud de Sacramento, Elk Grove, une agglomération de 167.000 habitants, a choisi comme nouveau maire Steve Ly, un réfugié laotien, dont la famille d’origine Hmong a fui les persécutions communistes. Il est arrivé aux Etats-Unis à l’âge de quatre ans sans, bien évidemment, parler un seul mot d’anglais. Quant à a la ville de Berkeley, à l’est de San Francisco, elle a également élu un démocrate (soutenu par Bernie Sanders) qui se nomme Jesse Arreguin et qui est donc le premier maire latino de la ville. Michael Stubbs, Steve Ly, Jesse Arreguin, trois raisons de continuer à croire au melting-pot traditionnel des Etats-Unis, terre de brassage social, ethnique et politique. Un superbe message d’espoir et de fraternité aux antipodes des insultes racistes et sexistes d’un provocateur inepte à la chevelure orangée.

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