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Billet de blog 22 décembre 2008

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Le Pentagone a-t-il saboté la reconstruction de l'Irak ?

Deux journalistes du New York Times, James Glanz et Christian Miller, ont fait état, dans l'édition du 14 décembre d'un rapport, non publié à ce jour, sur la présumée reconstruction de l'Irak. Leur enquête fait apparaître que les stratèges du Pentagone n'étaient pas favorables, avant l'invasion, à une éventuelle reconstruction jugée, par avance, coûteuse et risquée. De fait, le rapport met l'accent sur une série de bourdes qui, à la lecture de cet article du NYT, ressemblent à s'y méprendre à du sabotage.

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Deux journalistes du New York Times, James Glanz et Christian Miller, ont fait état, dans l'édition du 14 décembre d'un rapport, non publié à ce jour, sur la présumée reconstruction de l'Irak. Leur enquête fait apparaître que les stratèges du Pentagone n'étaient pas favorables, avant l'invasion, à une éventuelle reconstruction jugée, par avance, coûteuse et risquée. De fait, le rapport met l'accent sur une série de bourdes qui, à la lecture de cet article du NYT, ressemblent à s'y méprendre à du sabotage.

La première synthèse officielle n'a circulé que sous forme de brouillon, à New York et surtout Washington, parmi un nombre restreint de privilégiés, experts et hauts responsables officiels. Et ce brouillon en vient à la conclusion que, lorsque les efforts de reconstruction ont commencé à traîner sérieusement, particulièrement dans les domaines de l'armée et de la police irakienne, le Pentagone a délibérément gonflé les mesures prises pour mieux couvrir les échecs en cours. L'ex-secrétaire d'Etat Colin Powell est cité dans le rapport pour avoir affirmé qu'à partir de l'invasion de 2003, le ministère de la défense n'a cessé d'inventer des chiffres sur les forces de sécurité irakiennes, à raison de 20.000 par semaine.

Il y a donc une certaine logique dans le mensonge instauré par Bush, puisque, avant l'invasion, l'armée irakienne aurait eu 200.000 hommes et, à partir de la présumée reconstruction, les effectifs de la police seraient montés à 120.000. Selon le même rapport, ce qui était censé être le plus vaste programme de reconstruction depuis le plan Marshall est un échec monumental. Il semble que les Etats-Unis n'avaient, sur place, ni la capacité technique, ni l'organisation, ni surtout la cohérence politique pour mener à son terme une telle ambition. Pire même, à la fin du mois de juin 2008, 117 milliards de dollars, dont 50 pris sur les impôts payés par l'Américain moyen, avaient été dépensés, mais seulement pour tout juste réparer ce qui avait été détruit au cours de l'invasion.

Le NYT enfonce le clou en évoquant le travail de lobbying effectué par un vétéran républicain du sénat [dont le nom n'est pas cité] auprès de Joshua B. Bolten, président de l'OMB, Office of Management and Budget, avec des arguments, qui ont laissé Bolten de marbre, selon lesquels l'attribution de 20 milliards de dollars [c'était en août 2003] favoriserait la ré-élection de Bush. On sait désormais tout ou presque de l'incurie et de l'incompétence notoire des deux mandats de Bush. Ce que ne dit pas l'article du NYT, ni le rapport, semble-t-il, c'est ce qu'il est advenu des sommes colossales, attribuées à la reconstruction de l'Irak, et qui n'ont pas été utilisées à cette fin.

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