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Billet de blog 23 mai 2014

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Tea Party : le début de la fin ?

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Les membres du Tea Party* seraient-ils sur le point de perdre une partie de leur aura dans l’opinion publique américaine ? C’est ce que l’on serait tenté de penser à la suite des primaires républicaines, préparations des élections partielles aux postes de sénateur et de gouverneur qui auront lieu en novembre, lors des célèbres mid-term elections. En effet, comme le NYT du 21 mai l’a relaté, dans six états où les électeurs et sympathisants républicains étaient invités à choisir le candidat à la candidature, le Kentucky, l’Arkansas, la Géorgie, l’Idaho, la Pennsylvanie et l’Oregon, partout le candidat Tea Party a été écarté au profit de ténors et vieux briscards du parti républicain. Le NYT ironise même en titrant que le GOP (Grand Old Party), le parti républicain, donc, est allé puiser dans sa vieille boîte à outils, old toolbox, pour contrer ces jusqu’au-boutistes, vocable aimable puisque l’on serait plutôt tenté de parler de fous furieux.

Les dits électeurs et sympathisants ne sont pas amnésiques et n’ont donc pas oublié que, lors de consultations précédentes, les candidats Tea Party, qui avaient été retenus dans le Delaware, l’Indiana et le Missouri, avaient, par leurs outrances verbales et leur délire puritain et fascisant, facilité l’élection de leurs concurrents démocrates. Les media américains ont concentré leur attention et leurs projecteurs sur une figure de l’establishment, le sénateur sortant du Kentucky, Mitch McConnell, qui a écrasé son très riche adversaire du Tea Party, Matt Bevin, avec 61% des suffrages exprimés. Ce choix médiatique n’est pas anodin, car, en cas de victoire en novembre, McConnell pourrait devenir, au Sénat, le chef de file du parti républicain, si celui-ci y devient majoritaire, ce qui plongerait Barack Obama, pour ses deux dernières années de mandat, dans les affres d’une cohabitation encore plus pénible, puisque la Chambre des Représentants est déjà aux mains des républicains, sous large influence du Tea Party.

Si le parti républicain du Kentucky a opté pour la sécurité, on ne peut pas dire qu’il ait choisi l’aventure, car McConnell, qui a 72 ans, en est à son troisième mandat de sénateur. De plus, aussitôt désigné, il a tenu à ratisser très large, comme le montrent à la fois la vidéo du NYT (voir le lien plus haut) et celle de USA Today, en adoptant une rhétorique martiale qui n’a pu que séduire les déçus du Tea Party, puisqu’il a clairement désigné Barack Obama non seulement comme le bouc émissaire de tous les problèmes actuels de l’américain moyen, mais aussi comme l’ennemi du Kentucky !

Parmi ses nombreuses intentions belliqueuses, entre autres : make this president accountable, littéralement demander à ce président de nous rendre des comptes, une phrase qui sonne comme du Copé dans le texte ; ou encore I’ll do everything I can, to repeal and replace Obamacare, entendez, refrain très en vogue dans la droite américaine, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour révoquer et remplacer l’Obamacare (loi sur la protection des patients et l’accès aux soins). Après ces envolées d’estrades, McConnell devra rapidement revenir à la réalité, car, de son côté, le parti démocrate a intronisé plusieurs candidates, comme le rappelle CBS, dont, dans le Kentucky, Alison Lundergan Grimes, une jeune et dynamique avocate de 36 ans, qui est également l’actuelle secrétaire d’état du Kentucky. L’hypothèse que Barack Obama ait une fin de mandat tourmentée n’est pas encore acquise, même si la Chambre des Représentants va certainement continuer son âpre combat, qui ressemble à une croisade.

* Les ultra-conservateurs ont choisi ce titre usurpé et pompeux en référence à un incident de l’histoire du nouveau continent, qui n’était pas encore indépendant. Le 16 décembre 1773, pour protester contre l’impôt britannique exercé sur le thé, un groupe d’américains, déguisés en Indiens Mohawk, a investi trois vaisseaux britanniques, au mouillage dans le port de Boston, et a vidé leur cargaison, 342 caisses de thé, dans les eaux du port, le Boston Tea Party, donc. La grande différence est qu’en 1773 les colons luttaient pour leur indépendance et contre la domination de la couronne britannique, en refusant cet impôt. Alors que de nos jours, les membres du Tea Party refusent l’impôt fédéral sous le prétexte fallacieux qu’il porte atteinte à leur liberté et, surtout, parce que la notion de solidarité leur est étrangère. Il s’agit donc d’un véritable et scandaleux détournement de l’histoire.

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