Dans un éditorial prémonitoire du 27 mars et intitulé Obama, Clinton – and Echoes of Nader?, dans les colonnes du New York Times, Nicholas Kristof s'interrogeait sur la stratégie de la sénatrice Hillary Clinton. Ses chances de remporter l'investiture démocrate étaient, selon lui, il y a plus d'un mois, beaucoup plus minces que la perspective de faire gagner McCain, par le biais de son pugilat permanent avec Obama.
Le premier argument de Nicholas Kristof est une constatation : même si Hillary Clinton gagne en Pennsylvanie, ce qui est arrivé, elle n'a plus aucune chance de refaire son retard et de rattraper Obama dans le décompte des délégués. Pour qu'elle renverse la tendance il faudrait qu'elle arrive en tête dans toutes les primaires qui restent avec plus de 60%, ce qui demeure peu probable. Alors pourquoi maintient-elle sa candidature, s'interrogeait l'éditorialiste, alors même que Bill Clinton ne cache plus, en privé, que la nomination d'Obama est inéluctable ? Pourquoi, en effet, si ce n'est pour faire élire McCain, dans une sorte d'attitude politique suicidaire ?
Il y avait plus grave, ce 27 mars, selon Nicholas Kristof, notamment les résultats de sondages réalisés la veille et qui montrent la déliquescence du parti démocrate. 19% des sympathisants Obama voteraient McCain si Clinton était désignée comme candidate officielle. En face 28% des supporters de la sénatrice affirment qu'il préfereraient choisir McCain plutôt que le candidat de leur parti. En janvier, un autre sondage effectué en Caroline du Sud faisait apparaître que 70% des Obamiens et des Clintoniens seraient heureux de voir leur adversaire désigné pour mieux voter McCain en novembre !
Le journaliste du New York Times, en conclusion, dressait une comparaison avec Ralph Nader, le célèbre avocat, symbole de la défense du consommateur contre les grandes entreprises. Il est désormais haï au sein du parti démocrate, parce qu'il est considéré comme celui qui a provoqué la défaite d'Al Gore, lors des élections présidentielles de 2000, en lui prenant des voix sur sa gauche. Argument particulièrement injuste puisqu'il est de notoriété publique que la première élection de George Bush est due à la décision inique et historique de la Cour Suprême de le déclarer vainqueur.
Hillary Clinton, la Ralph Nader de 2008 ? Il semble qu'elle puisse faire pire.