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Billet de blog 24 juin 2015

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Les révélations de Mediapart dans la presse anglophone

Le partenariat entre Wikileaks, Mediapart et Libération, qui a conduit à la révélation des écoutes systématiques des élus français par la NSA, a donné lieu à des réactions variées dans la presse anglophone, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle manque d’homogénéité.

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Le partenariat entre Wikileaks, Mediapart et Libération, qui a conduit à la révélation des écoutes systématiques des élus français par la NSA, a donné lieu à des réactions variées dans la presse anglophone, dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle manque d’homogénéité. Le premier à réagir, et ce n’est pas une surprise au vu de ce qu’il a déjà fait en collaboration avec Wikileaks, a été le Guardian, qui a titré sur la réunion d’urgence convoquée par François Hollande ce matin. Mais le plus pittoresque dans l’article du quotidien britannique est la citation des propos de Ned Price, porte-parole du conseil national de sécurité, qui, dans une envolée de novlangue qui mériterait de figurer dans un roman dystopique de George Orwell, a déclaré : we work closely with France on all matters of international concern, and the French are indispensable partners, ce qui signifie, nous travaillons étroitement avec la France sur les sujets d’intérêt international, et les Français sont d’indispensables partenaires.

Dans l’ordre chronologique ce fut ensuite le tour de BBC News, dont le correspondant à Paris, Hugh Scofield, a malicieusement et judicieusement rappelé que parmi les écoutes de Sarkozy, pendant son passage à l’Elysée, avant de changer d’identité pour Paul Bismuth donc, il y avait cette phrase hautement révélatrice : Nicolas Sarkozy says he wants to help Pernod Ricard in a row with the US over rum, Nicolas Sarkozy dit qu’il veut aider Pernod-Ricard dans sa controverse avec les Etats-Unis au sujet du rhum, une phrase qui résume à elle seule les cinq années de sa présidence. 

Le New York Times a pris le relais, plus tardivement, avec un titre relativement neutre, mais avec un commentaire en fin d’article, non signé puisque c’est une reprise intégrale d’une dépêche de l’AP, qui l’est beaucoup moins : Mr. Hrafnsson refused to comment on how WikiLeaks had obtained the documents, Mr. Hrafnsson (porte-parole de Wikileaks) a refusé de dire comment Wikileaks avait obtenu ces documents. Voilà une phrase à la fois fâcheuse et fort révélatrice, ce n’est pas le contenu qui choque le NYT, mais l’obtention de l’information, un commentaire qui rappelle les réactions de certains élus de droite qui voulaient faire interdire Le Canard Enchaîné, lors de la révélation de l’affaire des diamants de Bokassa offerts à Giscard. 

Puis ce fut le tour du Telegraph, qui, en bon conservateur, protecteur de la Special Relationship avec les États-Unis, a très tardivement volé au secours de l’administration américaine : US says 'We do not and will not' spy on France, « Nous n’espionnons pas et nous n’espionnerons pas la France » selon les États-Unis, peu convaincant néanmoins. Cette info n’était pas en « une », et le Telegraph avait préféré titrer sur le blocage de l’Eurostar qui a provoqué des retards parmi les voyageurs britanniques, quelle horreur !

LeLos Angeles Timess’est contenté lui aussi de reprendre in extenso la dépêche AP, avec une spécificité déconcertante néanmoins. En effet le LAT a mis en lien immédiat la catastrophe aérienne de l’avion de la German Wings dans les Alpes…Au sein du gruppetto des réactions, l’Independent, le Times, l’Australian  se sont contentés de l’information brute.

Il convient de souligner que le Mail & Guardian de Johannesburg a donné le seul prolongement digne de ce nom avec ce titre : Surveillance harming journalism and democracy, la surveillance porte atteinte au journalisme et à la démocratie.

Quant au Boston Globe, pas un mot en « une » ni ailleurs, il a préféré titrer en « une » sur les recettes de glace possibles pour l’été…

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