Chris Mullin est presque totalement inconnu de ce côté-ci de la Manche. En revanche, au Royaume-Uni, il est célèbre, respecté et écouté.
Photo : Prospect Magazine
De 1987 à 2010, il a été député travailliste de la circonscription sud de Sunderland, dans le comté de Tyne and Wear, au nord-est du Royaume-Uni. Il a été successivement ministre de l’environnement, des transports et des régions de 1999 à 2001, puis bref ministre de l’improbable développement international de février à mai 2001, et enfin ministre chargé des relations avec le continent africain au Foreign Office de 2003 à 2005. Avant sa carrière politique Chris Mullin était journaliste. Il a écrit plusieurs romans salués par la critique, ainsi qu’un ouvrage, en 1991, intitulé Error of Judgment – the truth about the Birmingham Bombings, ouvrage adapté pour la télévision, ITV, et qui a conduit à la révision du procès de 1975 (procès des attentats de Birmingham) et à la libération des six inculpés. Chris Mullin est aussi membre du jury du Booker Prize, équivalent britannique du Goncourt.
En août, l’excellent mensuel britannique Prospect lui a ouvert les colonnes de sa rubrique hypothétique, If I ruled the world, fondée sur l’imagination et le postulat très dystopique et très orwellien selon lequel le monde pourrait être dirigé par une seule personne. Chris Mullin s’est prêté à ce jeu, on peut lire ici l’intégralité du texte. Le moins que l’on puisse dire est que Chris Mullin n’a fait ni dans la dentelle, ni dans le détail, puisqu’il a préconisé trois mesures draconiennes, nécessaires, selon lui, à la survie de la planète.
Sa première préconisation est de supprimer la voiture individuelle. Pour Chris Mullin, le véhicule à moteur pour chaque individu est une invention désastreuse qui a dévasté nos villes, gravement pollué notre environnement et qui tue environ 500.000 personnes à travers le monde, chaque année. L’ex-ministre travailliste affirme que ce n’est pas un rêve inaccessible et donne en référence et en exemple la capitale du Vietnam, Hanoï, qu’il a connue il y a vingt ans et où, avant l’émergence de l’économie de marché, le seul moyen de transport individuel était la bicyclette. Désormais, dit-il, ce ne sont que des cyclomoteurs de marque japonaise qui ont engendré une sérieuse pollution.
La deuxième suggestion de Chris Mullin est de se débarrasser définitivement du plastic, autre invention désastreuse à ses yeux. Indestructible il a envahi les continents et les océans et Chris Mullin est très irrité de constater que nombre de supermarchés britanniques continuent à distribuer des sacs à leurs clients et il appelle, donc, à de lourdes sanctions financières pour la grande distribution.
Sa troisième idée est d’abolir immédiatement l’élevage en batterie. Chris Mullin affirme avoir cessé de manger de la viande depuis environ vingt ans, lorsqu’il a pris conscience de la façon dont les animaux étaient traités dans ce type d’élevage. Il suggère que l’Union Européenne cesse définitivement d’importer de la viande de pays où les animaux sont maltraités. L’idéal pour Mullin serait que le monde devienne végétarien. Ainsi, sans avoir à nourrir des millions de têtes de bétail destinées à l’abattage, le monde pourrait décemment nourrir les humains.
Comme Chris Mullin ne manque ni de talent ni d’humour, il précise, dans ce numéro de Prospect d’août 2012, que cette tâche fondée sur ces trois suggestions occuperait sa première semaine à la tête du monde. Pendant la deuxième il ferait dynamiter tous les constructions architecturales douteuses des années 1960 et 1970, en prenant soin de mettre dedans ceux qui les ont conçues et autorisées…Le côté joyeux drille de Chris Mullin.