Depuis le 15 septembre, Tony Abbot n’est plus le premier ministre australien. Les conservateurs du Liberal Party, sans doute excédés par les rodomontades et les gaffes de toutes sortes du dénommé Abbot — qui, lors de la campagne législative de 2013, avait également fait un large étalage de son machisme et de sa profonde sottise aux dépens du premier ministre travailliste sortant, Julia Gillard — l’ont renversé, lors d’un vote interne, et remplacé par Malcolm Turnbull. Tony Abbott, toujours stupidement arrogant, suffisant et sûr de sa victoire, avait accueilli la perspective du vote de défiance avec des sarcasmes. Il a finalement été battu par 54 voix en faveur de Turnbull contre seulement 44 pour lui. Ce changement de premier ministre est la preuve concrète qu’un régime primo-ministériel, tel que la C6R l’appelle de ses vœux ici, existe et fonctionne dans le respect de la démocratie. Il est également l’épilogue d’une série de bourdes que le quotidien britannique The Guardian a classées en véritable bêtisier dans l’ordre croissant, dans son édition du 14 septembre :
10 ) Selon Abbott, « le charbon est bon pour l’humanité, le charbon est bon pour la prospérité, le charbon est au cœur de notre avenir économique ».
9) En réponse à une journaliste qui lui demandait ce que le gouvernement entend faire pour les Australiens qui vivent dans des régions éloignées et peu favorisées : « De toute évidence il est très difficile de réduire les inégalités. Ce n’est pas le boulot du gouvernement de subventionner des choix de vie de moindre importance ».
8) « La solution (à tous les problèmes de l’Australie) c’est un bon gouvernement et ça commence aujourd’hui » (entendez avec moi, Tony Abbott, premier ministre).
7) Lors d’une réception officielle de plusieurs généraux vietnamiens, « Nous Australiens nous sommes bien placés pour bien connaître la force de l’armée vietnamienne ». (L’armée australienne a été engagée dans la guerre au Vietnam aux côtés des Etats-Unis pendant dix ans, à partir de 1962)…
6) Lors d’un débat parlementaire à la chambre haute, pour évoquer la montée du chômage lorsque les travaillistes étaient au pouvoir : « Nous savons tous qu’il y a eu un holocauste des emplois ».
5) « Personne ne peut, quel que soit son niveau d’intelligence, d’instruction et d’expérience, être le suppositoire de la sagesse »…
4) Dans la série étalage de muscles, lors d’une interview du 15 octobre 2014, Abbott se sent capable d’affronter physiquement Poutine, en utilisant le terme shirtfront — dans lequel il fait une faute puisqu’il parle de font, erreur que le Guardian reproduit avec délice — qui n’est pas dans son sens initial, un plastron, mais dans le sens sportif du football américain, faire face à l’adversaire : « Me colleter avec Poutine ? Bien sûr que j’en suis capable ! ».
3) Il ne s’agit pass d’une déclaration, mais d’un clin d’œil arrogant et grossier à l’un de ses conseillers, alors qu’une auditrice fait part de la difficulté de vivre dans des conditions restreintes avec plusieurs personnes (référence faite notamment à la vie de détenus).
2) Tony Abbott veut montrer qu’il parle français lors d’une visite au lycée français de Melbourne et se présente ainsi : « Antoine from Australie, cette (pour c’est) première Australie ». Rectification du jeune français : « Premier ministre ? ». « Oui, premier ministère »
1) Et la palme, non une nouvelle déclaration fracassante mais un geste aussi surprenant que stupide qui a consisté à mordre à pleines dents dans un oignon, avec la peau, pour, dira-t-il quelques jours plus tard, « apporter mon soutien aux agriculteurs et aux maraîchers »…
Tony Abbott va incontestablement manquer, cependant c’est un concurrent en moins pour Wauquiez et Morano…