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Billet de blog 25 mai 2008

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Le sinistre dérapage d'Hillary Clinton

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Le comportement politique de la sénatrice Hillary Clinton a déjà été commenté dans un billet du 24 avril, sur ce même blog, et il s'agissait de se demander si son attitude n'était pas comparable à celle de Ralph Nader qui fit perdre beaucoup de voix à Al Gore, en 2000, en maintenant sa candidature jusqu'au bout. La question qui se pose, depuis vendredi, est différente : la sénatrice de l'Etat de New York aurait-elle perdu la raison ? A moins qu'elle n'exprime tout simplement le fond de sa pensée, en l'occurrence horrible et machiavélique. Vendredi 23 mai, s'exprimant, à Brandon, petite ville du Dakota du Sud, en réponse à un parterre de journalistes l'interrogeant sur le bien-fondé du maintien de sa candidature, l'épouse de l'ancien président a d'abord rappelé que son mari avait fait campagne dans les primaires jusqu'à la fin du mois de juin 1992. Réponse convenue en forme d'hommage à son conjoint qui n'a ni surpris ni intéressé.

Croyant sans doute naïvement que, dans cette bourgade de 7.000 habitants, elle pouvait donner libre cours à ses pensées les plus noires et les plus inattendues, elle a alors prolongé l'entretien et la justification de son maintien dans la course par une confidence qui a semé la stupeur parmi les présents et que rapporte le New York Times : "We all remember Bobby Kennedy was assasinated in June in California.", ce qui signifie "Nous avons tous en mémoire que c'est en juin que Bobby Kennedy a été assassiné en Californie." Le syllogisme mécanique et terrifiant de ces incroyables propos conduit donc à penser que Hillary Clinton restera dans la course à l'investiture jusqu'au bout, au cas où Obama serait assassiné. Et conclure qu'elle semble souhaiter cette sinistre éventualité ne semble pas excessif.

Dire que cette intervention, qui n'était pas off the record, a engendré une vague d'indignation à travers les Etats-Unis et, particulièrement, dans le camp démocrate serait faible. Du côté des supporters d'Obama les réactions oscillent entre colère et abattement. Mais le NYT rappelle que cette sortie ressemble à tout sauf à un dérapage, puisqu'en mars elle avait tenu des propos similaires qui, étrangement, étaient passés inaperçus.

Circonstance aggravante, Hillary Clinton s'est rapidement excusée mais…auprès de la famille Kennedy, considérant qu'à l'heure actuelle cette famille vit des heures difficiles, puisque le sénateur Ted Kennedy a été récemment diagnostiqué avec une tumeur au cerveau. Mais pour son adversaire au sein du parti démocrate très nettement visé, aux yeux de tous, pas un mot, pas une excuse. Le fils de Bob Kennedy, Robert F.Kennedy Junior, qui a décidé depuis longtemps de la soutenir, a fait une déclaration très embarrassée et très ambiguë, dans laquelle il la remercie d'avoir évoqué le souvenir de la famille Kennedy !

La conséquence immédiate de cette sortie de Mrs. Clinton a été le renforcement de la protection de Barack Obama par les services secrets américains, au cas où la petite phrase lancée à Brandon donnerait des idées à un désaxé, auquel cas, on l'a compris, Hillary Clinton serait prête. Il semble totalement confirmé que la sénatrice de New York a plus besoin d'un psychanalyste que d'une investiture.

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