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Billet de blog 25 septembre 2010

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Tout a été dit et redit sur Philippe Val, le désormais sinistre de l'information de France-Inter. On sait comment il a été appelé aux côtés de son ami Jean-Luc Hees, non pas sur son sens de l'éthique ou sur une quelconque compétence journalistique, mais bien plutôt en raison de son amitié à l'endroit de l'épouse de l'actuel président de la République, ou présumé tel. On sait également comment le même Philippe Val s'est fait remarquer, le jour de sa prise de fonction, en congédiant, de la revue de presse matinale, un journaliste qui avait osé citer Siné Hebdo, concurrent dissident, aujourd'hui disparu, de Charlie-Hebdo. On a également en mémoire, encore fraîche, le sort réservé à Stéphane Guillon et Didier Porte, qui, depuis, enchante par ses chroniques, les abonnés de Mediapart. On imaginait que, depuis, alors que France-Inter va vraisemblablement sombrer dans les oubliettes médiamétriques, il y aurait sinon quelques regrets, tout au moins une réaction salutaire. Pas du tout.

On considère, généralement, que le langage est révélateur de la, pensée et du comportement. Philippe Val en a donné une illustration, cette semaine. Deux journalistes de Télérama, Anne-Marie Gustave et Véronique Brocard, ont rédigé, pour le n° 3167 du 25 septembre au 1er octobre, un excellent et triste constat sur ce que devient France-Inter, après le passage de l'ouragan Val-Hees. A cette enquête a été ajouté un entretien avec le directeur de France-Inter, qui déclare notamment : "Même ceux que je n'aime pas n'auront pas de problèmes s'ils font bien leur job." Un directeur de radio est censé être un rassembleur, celui qui protège et encourage ses journalistes et ses animateurs. Il serait inimaginable d'entendre de tels propos dans la bouche d'Edwy Plenel, de Laurent Mauduit et de François Bonnet à l'égard de leurs jeunes collègues de Mediapart, car leur conception même du métier de journaliste et de la façon de transmettre leur savoir est aux antipodes de ce comportement.

Qu'un individu ait des affinités plus ou moins affirmées, cela fait partie de la vie quotidienne, mais, en règle générale, on les tait, on les cache, on les minimise, surtout si on exerce des responsabilités, mais qu'il ose affirmer, avec un tel aplomb (ou un tel plaisir ?) ses inimitiés est proprement renversant et situe clairement le comportement du directeur de France-Inter dans la droite ligne de son mentor de l'Elysée. Rejeter, humilier, dévaloriser, voilà qui, fort normalement, ne fait absolument pas partie du répertoire lexical et comportemental d'un directeur de rédaction ou de station. Car le présupposé linguistique d'une si agressive assertion n'est pas que certains seront autorisés à bien faire leur travail, c'est bien que Val n'aime pas certains d'entre eux. Donc au lieu de rassembler, de privilégier l'indépendance et l'essence même du journalisme, Val sème le doute, le clivage et, donc, l'exclusion. C'est un surveillant-général façon années 1950 qui a été clairement chargé d'une mission, qui n'a rien à voir avec le journalisme. Le but n'est pas de susciter la création mais d'indiquer que certains auront tout intérêt à se tenir tranquilles. Le pire est pour la fin de l'entretien.

Les deux journalistes de Télérama reviennent sur la complainte de Val : "L'actionnaire (entendez en langage Valien celui qui m'a nommé) est mal traité sur cette chaîne." Le rediriez-vous ? demandent-elles. "Cette phrase a été tronquée...Je parlais de ceux qui paient la redevance." Comment appelle-t-on cela déjà en patinage artistique ? Un triple salto arrière, non ? Mais l'atterrissage est identique à celui des patineurs français dans les compétitions internationales...

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