Le calendrier électoral qui devrait conduire à l’indépendance de l’Ecosse va se mettre en place à partir du mardi 26 novembre. La date précise du référendum, sans doute le 18 septembre 2014, sera révélée demain et le SNP, Scottish Nationalist Party, est au milieu d’une effervescence hors du commun. En revanche, une autre date ne semble faire l’ombre d’un doute — en tout cas, dans l’esprit des responsables du SNP —, celle de l’indépendance officielle de l’Ecosse, le 24 mars 2016. Et, bien évidemment, ce jour de référence historique proposé par le SNP n’a pas été choisi au hasard.
En effet, il y a là une double résonnance paradoxale et une volonté de préparer l’avenir de façon harmonieusement provocatrice, en quelque sorte. C’est un 24 mars, en 1603, que fut officialisé the Union of the Crowns, l’unification des deux couronnes, lorsque James, sixième roi d’Ecosse, devint également roi d’Angleterre et d’Irlande, avec le titre de James I, à la mort de sa cousine, la reine Elizabeth I. Et c’est un 24 mars, en 1707, que l'on signa the Acts of Union, qui entérinèrent la fusion des parlements d’Ecosse et d’Angleterre. Et c’est ainsi que naquit Great Britain, la Grande Bretagne.
Le SNP a préparé un livre blanc de 670 pages pour détailler les suggestions et préconisations. 20.000 exemplaires ont été imprimés pour la conférence de presse de demain, pour laquelle 200 journalistes du monde entier sont attendus au Science Centre de Glasgow sur les rives de la rivière Clyde. Alex Salmond, premier ministre délégué par Westminster en attendant la confirmation de l’indépendance, n’a pas résisté à l’euphorie d’une déclaration dithyrambique : No nation has ever been better prepared or better researched for independence, entendez : Aucune nation n’a fait l’objet d’une meilleure préparation ou de recherches plus approfondies en vue de l’indépendance.
La question légitime que l’on est en droit de se poser aujourd’hui est de savoir si les têtes non couronnées du SNP ne rêvent pas et ne prennent leurs désirs pour des réalités. En effet, il convient de ne pas oublier qu’entre 2014 et 2016, il y aura 2015, ce qui est, certes, un véritable truisme, mais, surtout la limite pour le premier ministre en place, David Cameron donc, pour décider, à sa guise, de suggérer à sa très gracieuse majesté de convoquer de nouvelles élections générales. Or, non seulement l’issue en est, à ce jour, incertaine, mais, en plus, les deux principaux partis n’ont pas montré un enthousiasme délirant en faveur de l’indépendance de l'Ecosse. Les Tories ont accepté l’idée d’un référendum pour gagner du temps face aux nombreuses déconvenues. Quant au Labour Party il n’a pas exprimé de soutien net non plus, dans la mesure où les circonscriptions écossaises constituent des fiefs électoraux ancestraux. Par ailleurs, comme le relate l’Observer du 24 novembre, une campagne anti-indépendance serait en train de se développer à Westminster, avec pour principal argument que le gouvernement britannique n’a aucun mandat pour sceller un accord en cas de victoire du « oui ». Donc, aux optimistes du SNP Westminster est en train de dire, avec un certain cynisme, ce que les Ecossais se disent quand ils dégustent leur excellent breuvage bien connu : Slàinte!