C’était annoncé et prévisible, mais depuis que les résultats des élections européennes ont été rendus publics dans la nuit de dimanche à lundi, les principaux journaux britanniques, les quality papers, affichent néanmoins une certaine incrédulité, comme si l’ampleur des résultats avaient quelque chose d’irréel. Le Guardian parle de séisme, earthquake, mot très utilisé sur le continent ; l’Independent évoque un coup de balai, sweeping gains ; le Telegraph a recours à une métaphore météorologique, storm ; quant au Times de Rupert Murdoch, il a du mal à cacher sa joie et pense que Farage, leader de UKIP, entre au pays des rêves, dreamland. Au vu des résultats, UKIP est, donc, largement vainqueur de cette consultation.
Le parti de Nigel Farage totalise 29,2% des suffrages exprimés sur l’ensemble des douze circonscriptions britanniques, ce qui devrait lui rapporter 24 des 74 sièges au parlement européen, le double de ce qu’il a obtenu en 2009 — pour mémoire, il y a vingt ans, UKIP avait obtenu 1% des suffrages. En deuxième position arrive le parti travailliste, qui apparaît comme le véritable bénéficiaire de cette double consultation, puisqu’en plus de sa large victoire aux élections municipales, il passe de 11 à 18 députés européens avec 24,5%. Le parti conservateur se contente de la troisième place, avec 23,5%, du jamais vu pour un parti au pouvoir, fût-il conservateur — ce qui relativise la déclaration fracassante et anti-européenne d’une célèbre harengère de l’UMP qui réclame la démission de Hollande —, puisqu’il perd 7 sièges en passant de 25 à 18 députés européens. Mais, bien évidemment la débâcle de la soirée est pour les Libéraux Démocrates, qui, comme pour les élections locales, subissent une déroute sans précédent, puisqu’ils perdent les 11 sièges de députés qu’ils avaient à Bruxelles.
Humiliation suprême, le parti de Nick Clegg (6,8%), est même dépassé par les Verts britanniques (7,6%), qui obtiennent 1 siège européen. Incidemment les résultats des élections locales ayant été définitivement affinés, c'est 2 conseils et 304 élus locaux que perdent les LibDems. On notera, dans les résultats marginaux, que le BNP perd un de ses deux sièges européens. On remarquera surtout que c’est la première fois dans l’histoire politique du Royaume-Uni qu’une élection nationale n’est gagnée ni par les Tories ni par le Labour, les deux principaux partis, base du bipartisme. Cependant il convient, comme cela a été dit dans le précédent billet, de relativiser car, si UKIP pourrait faire son entrée à Westminster, lors des prochaines législatives l’an prochain, il ne gagnerait que de 5 à 10 sièges.