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Le froid polaire qui sévit sur Besançon et la Franche-Comté n’a pas découragé de très nombreux citoyens pour qui la liberté de l’information a un sens et qui sont venus (salle Proudhon, tout un symbole), à l’initiative de l’association Les Amis de l’Huma, écouter Laurent Mauduit, co-fondateur de Mediapart, qui a présenté et détaillé les dangers qui pèsent sur l’information en France, dangers soulignés dans son excellent ouvrage Main basse sur l’information, publié aux éditions Don Quichotte en septembre 2016.
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Ces menaces extrêmes ont été engendrées par le rachat de groupes ou d’organes de presse par des oligarques qui n’ont strictement aucun rapport avec le monde de la presse et vont orienter les choix éditoriaux. Ainsi Vincent Bolloré a asservi Canal + et I-Télé dans les conditions que tout le monde connaît. Patrick Drahi a mis la main sur Libération, L’Express, BFM-TV, BFM-Business et RMC. Le trio Xavier Niel, Pierre Bergé et Matthieu Pigasse s'est approprié Le Monde et Le Nouvel Observateur, Pigasse ayant ajouté à son tableau de chasse Les Inrocks et Radio Nova. Bernard Arnault est désormais propriétaire de deux journaux, Les Échos et Le Parisien. Le milliardaire libanais, Iskander Safa a racheté l’hebdomadaire d’extrême-droite Valeurs Actuelles. Arnaud Lagardère, « frère » auto-proclamé de Nicolas Sarkozy, détient Paris-Match, le JDD (journal qui avait faussement titré que la Suisse avait blanchi Cahuzac de toute accusation…) et Europe 1, où Daniel Cohn-Bendit continue de faire de la résistance, mais désormais sans son compagnon de route Elkabbach…Martin Bouygues est à la tête de TF1. Le mis en examen pour corruption électorale Serge Dassault dirige toujours Le Figaro. François Pinault a pris possession du Point et la famille Bettencourt contrôle L’Opinion.
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Pendant une heure et demie, dans un exposé d’une grande clarté et sans notes, Laurent Mauduit a captivé son nombreux public et développé le thème essentiel de son ouvrage et de sa conférence, à savoir que l’information doit appartenir à ceux qui la transmettent et à ceux qui la lisent, journalistes et lecteurs-citoyens, et à personne d’autre sous peine de porter atteinte à la liberté. Parmi les nombreux exemples qui ont étayé sa conférence, Laurent Mauduit a souligné le très néfaste paradoxe de la situation de Bernard Tapie, mis en examen dans l’affaire de détournement de deniers publics, devenu néanmoins acquéreur de La Provence avec l’aide de son complice Claude Bartolone et grâce à la totale passivité de François Hollande, et qui s’est permis l’incroyable luxe, une insulte à la morale, d’organiser les débats préalables à l’élection régionale en PACA ! Cet exemple illustre parfaitement le choix du titre de l’ouvrage de Laurent Mauduit, référence au célèbre film de Francesco Rosi Le mani sulla cittá, Main basse sur la ville (1963), en l’occurrence Naples, minée par une municipalité corrompue. Un débat très riche et fructueux a suivi la conférence.