Les éditorialistes du Washington Post n'en finissent pas, ces temps-ci, de faire travailler leur imagination qui engendre bien souvent des vœux pieux et fort peu réalistes. Ainsi Chris Matthews continue à œuvrer, à longueur de colonnes, pour un ticket démocrate Obama-Clinton, initiative qui semble, quand même, non seulement vouée à l'échec mais, en plus, relever de l'impossible à la suite de la déclaration pour le moins choquante de la sénatrice de New York. Elle veut, rappelons-le, se tenir prête jusqu'au bout, puisque Bob Kennedy avait été assassiné en juin. Peut-être est-elle en train d'imaginer comment faire admettre, par la NASA, la nécessité d'envoyer Obama sur la lune ou sur Mars ?
Un autre éditorialiste du Washington Post, Richard Cohen, a choisi la dérision par l'analyse de l'impossible, c'est-à-dire, un ticket Obama-McCain et ses conséquences sur la politique étrangère américaine. Pour Cohen, l'analyse du monde selon Obama se résume en une acceptation du postulat que les Etats-Unis sont responsables de bon nombre des ennuis actuels du monde et que, par voie de conséquence, le prochain président devra savoir d'une part être à l'écoute et d'autre part comprendre les différences culturelles. Ainsi s'est-il déclaré prêt à négocier, directement et personnellement, avec l'Iran, ce que Richard Cohen juge d'une naïveté rare. Néanmoins accorde-t-il, au sénateur Obama, le bénéfice de l'ouverture d'esprit et de la volonté de créer une meilleure image des Etats-Unis à travers le monde. On ne peut que prendre acte de ce positionnement indirect du Washington Post, qui avait paru bien docile, depuis quelque temps, face à l'administration Bush, faisant ainsi oublier la belle époque d'indépendance portée haut et fort par l'enquête de Carl Bernstein et Bob Woodward qui avait conduit, en 1974, à la procédure d'impeachment contre le président Nixon.
Quant à John McCain, l'analyse de son programme de politique étrangère est plus rapide, puisque, lui, ne veut parler à personne, tout au moins à tous ceux qui représentent une menace pour les Etats-Unis. Ainsi le candidat républicain ne va pas, s'il est élu, accélérer le processus de paix au Moyen-Orient, puisqu'il ne veut pas négocier avec le gouvernement palestinien, ce qu'il n'excluait pas du tout en 2006.
L'idéal, selon Richard Cohen, serait que, par réalisme, il y ait une sorte de fusion entre l'inflexibilité de McCain et l'idéalisme d'Obama. L'argument majeur de l'éditorialiste est que les campagnes électorales rendent stupides des gens intelligents, mais sans doute ne pensait-il ni à Obama ni à McCain.