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Billet de blog 28 mai 2013

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Une escapade qui fait couler beaucoup d'encre

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Photo Reuters

Le premier ministre britannique David Cameron essuie un feu nourri de critiques de la part de la presse et de l’opinion publique depuis la fin de semaine dernière. Ce qui est reproché au leader conservateur c’est de s’être envolé, dimanche 26, avec toute sa petite famille pour une semaine de vacances à Ibiza, quelques jours après l’assassinat du militaire britannique Lee Rigby, en pleine rue à Woolwich, et alors que la crise économique n’a pas disparu et frappe de très nombreux britanniques, et que son autorité est de plus en plus contestée. Le titre du Guardian du 27 mai est extrêmement évocateur : David Cameron's relaxation may be his downfall, littéralement il se peut que les vacances de David Cameron soient sa perte.

La journaliste du Guardian, Melissa Kite, a non seulement reflété la réaction choquée de the man in the street, monsieur tout le monde, mais a également tourné en dérision les pauvres arguments de justification concoctés par l’entourage et les spin-doctors, à savoir qu’il n’a pas pris de vacances avec sa femme et ses trois enfants depuis Noël et qu’il reste en contact avec Downing Street grâce à internet. Si ce quotidien a choisi l’humour acide, les tabloïdes ont, quant à eux, frappé beaucoup plus fort. Le Daily Mirror du même jour, le 27, a titré David Cameron soaks up the sun in Ibiza while UK faces terror crisis, David Cameron prend le soleil à Ibiza pendant que le Royaume-Uni affronte le terrorisme. Le Daily Mail a fustigé le premier ministre de façon encore plus véhémente et plus longue : Bye bye Britain: Row as days after horrific terror attack and with his leadership under siege from his own side, Cameron jets off to Ibiza for a sunshine break, Au revoir la Grande-Bretagne : controverse alors que l’horrible agression terroriste n’a que quelques jours et que son propre camp mine son autorité, Cameron part en vacances en avion à Ibiza.

Comme il fallait s’y attendre, le très cher – au sens propre et figuré -  ami de Cameron, Rupert Murdoch a volé au secours de son premier ministre, à la une du très conservateur et très dévoué Times : The Camerons: relaxing in Ibiza but still in charge, Les Cameron : repos à Ibiza mais toujours aux commandes. C’est à peine si le quotidien aux ordres s’autorise une petite pointe de critique, the island renowned for its white beaches and drug-fuelled nightlife, l’île célèbre pour ses plages de sable blanc et sa vie nocturne qui regorge de drogues. L’Independent, quant à lui, a donné le détail de toutes les vacances prises par Cameron depuis mai 2010, période de son arrivée au pouvoir, tout en rappelant que Winston Churchill s’offrit des vacances en France en 1945, avant que la guerre ne soit terminée, et en s’offrant le petit plaisir de donner le tweet de Rupert Murdoch : Cameron off on Holiday in Ibiza. Unbelievable.

Murdoch, pour une fois, a raison : c’est incroyable. Mais au-delà de l’indécence qui consiste à partir une semaine en vacances, alors que le pays est sous le choc d’une affreuse agression, c’est le cynisme de la pratique du pouvoir qui interpelle et qui rappelle fâcheusement, de ce côté-ci de la Manche, les divers épisodes du quinquennat de Sarkozy, du séjour sur le yacht de Bolloré aux jours de prosternation devant Bush. Confondre son statut d’élu à la tête d’un pays avec celui d’un cadre supérieur et le pays avec une entreprise définit l’arrogance et le mépris de cette caste-là et promet, au Royaume-Uni, de beaux jours à UKIP pour les prochaines échéances.

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