C’est la dénomination pompeuse utilisée par le pouvoir actuel pour lessiver le cerveau de ses vaillants petits soldats, chargés ensuite de se répandre dans les media afin de montrer à leur despote non éclairé que le psittacisme, dont ils sont l’objet, fonctionne à merveille. L’expression en elle-même est une insulte au langage, puisque toutes ces lugubres opérations dites de communication tiennent du bourrage de crâne et de la propagande. C’est également une insulte à la linguistique, d’autant que cette fâcheuse appellation, qui devrait être renommée PBEDPLG, propagande de bas étage diplômée par le gouvernement, fait penser, de façon très dérangeante, à Eléments de linguistique générale, titre de l’ouvrage de l’éminent linguiste, référence de toute une génération, André Martinet, qui doit se retourner dans sa tombe.
Ils sont légion à se bousculer aux portillons des media bienveillants, pour s’adonner à l’apostrophe, l’aboiement, au mensonge et à l’insulte, sans être jamais contredits, bien évidemment, les laquais et les gens de maison, qui, dans une étonnante schizophrénie, persistent à vouloir donner à penser qu’ils sont journalistes, se relaient, à l’envi, pour faire des chaussures des premiers nommés autant de miroirs. Faire une liste serait trop long, injuste car cela impliquerait de les départager, et dangereux, dans le climat actuel, car Mediapart ne pourrait qu’en pâtir, ce que ne veut, en aucun cas, l’auteur de ces quelques lignes, abonné de la première heure. Néanmoins, il convient de rendre un hommage particulier, dans le cadre des « éléments de langage », à une déclaration qui illustre à elle seule la violence verbale en cours et en cour, depuis 2007.
Le Monde, en date du 27 novembre, rapporte les propos de François Baroin, ministre du budget, relatifs à l’ambiance au sein de la majorité présidentielle : « On se bastonne, mais on chasse en meute. On a un premier objectif : servir l’Etat et le pays, et un second : empêcher le retour de la gauche. » Avant d’analyser ces mâles propos, il convient de rappeler que François Baroin est un chiraquien, qui, comme Alain Juppé avant d’intégrer le gouvernement, avait des mots aussi durs que l’opposition pour parler de l’actuel président de la République. François Baroin était donc censé faire partie des opposants au sein de l’actuelle majorité, mais force est de constater qu’il est rentré dans le rang et qu’il a fait sienne la violence verbale si révélatrice, qui caractérise Nicolas Sarkozy. Car enfin regardons de plus près cette étrange déclaration.
Divergence et débat démocratique ? François Baroin la caractérise en bataille de rue, en ayant recours au langage argotique des voyous, « on se bastonne », du verbe bastonner, dérivation inverse de « bastonnade », du latin bastum, le bâton, « une volée de coups de bâton » selon le Grand Robert. Expression qui appris force et vigueur à partir de 1968, lorsque les CRS et les amis de Longuet, Madelin et Devedjian utilisaient cet instrument avec délectation. Synthèse et réunification ? Avec François Baroin, on passe des voyous aux loups : l’UMP, une fois la « bastonnade » terminée, avance en bande à caractère animal avec un but précis, fondre sur de potentielles proies, puisque chasser n’est rien d’autre que poursuivre des animaux pour les tuer. Un noble dessein, un programme ? François Baroin trahit sa pensée avec ce « servir l’Etat », entendez par là, se servir d'abord, puisque chacun sait fort bien que depuis mai 2007 la République est dévoyée par un mécanisme très « louis-quatorzien », selon lequel « l’Etat c’est moi », c’est-à-dire lui, bien sûr. Et le message final, comme l’ensemble de la déclaration, est assez terrifiant : « empêcher le retour de la gauche. » Entendez par là qu’une fois « la meute » unie, tous les coups seront bons et permis pour que la démocratie ne triomphe pas, ce que la majorité de la population a déjà compris.
Le père de François Baroin, Michel Baroin, disparu le 5 février 1987 dans un accident d’avion, qui demeure inexpliqué à ce jour, fut le pdg de la GMF puis de la FNAC, mais il fut surtout un des grands maîtres du Grand Orient de France, première obédience maçonnique, dont les principes d’action sont fondés sur le triptyque Liberté, Egalité, Fraternité. On peut raisonnablement se demander aujourd’hui si le défunt père a pris le temps, de son vivant, de tout expliquer à son fils.