
Photo : Franck Fife / AFP.
C’est une rubrique qui existe depuis fort longtemps dans les colonnes du Canard Enchaîné et que le Guardian a remis au goût du jour. Mais si l’hebdomadaire satirique relève, dans la presse écrite, les apparentements involontaires qui relèvent d’une mise en page hâtive et peu réfléchie, celui que le quotidien britannique a pratiqué en une de son édition du 28 février ne semble avoir rien de fortuit. En effet le titre de l’article de la correspondante du Guardian à Paris, Angelique Chrisafis, The Arab world’s first ladies of oppression, littéralement Les premières dames du monde arabe de l’oppression, pose donc une question cruciale, à savoir qui sont donc ces femmes qui partagent la vie de ces dictateurs sanguinaires, et est associé à une photo des plus pittoresques et dont on a peine à croire que la rédaction du Guardian ait pu la choisir par hasard.
En effet la photo délibérément associée à l’article, prise le 9 décembre 2010 au palais de l’Elysée, montre le très brutal dictateur syrien, Bashar al-Assad, à droite de son épouse Asma. Il est assis en face de l’actuel président de la République et de sa dernière conquête. De dos, une femme brune, sans doute l’interprète ou l’épouse – mais c’est peu probable – du ministre de l’intérieur placé en face, le célèbre civilisationniste, totalement inconnu dans les milieux universitaires et dignes de ce nom. Tout ce charmant petit monde termine un petit-déjeuner et l’on rit, comme de coutume entre gens de bonne compagnie. De quoi peuvent-ils donc bien rire si franchement ? Du discours de Dakar peut-être ? Désopilant assurément de faire admettre à ces commensaux-là que l’homme africain est bien entré dans l’histoire. A moins que le petit sénéchal du monarque républicain n’ait décidé de rôder son discours sur les civilisations avec quelques mois d’avance ?
Dernière hypothèse, Bashar al-Assad raconte comment son père assurait le maintien de l’ordre et comment il entend s’inscrire dans la tradition paternelle. Touchant et émouvant de commencer une si belle journée entre amis. Dommage que BHL et Kouchner n’aient pas été invités, le bonheur eût été total. Comme Angelique Chrisafis ne manque ni de talent ni d’humour, elle souligne, dans son article, le courage qu’il faut à Asma pour soutenir Bashar dans son action quotidienne. C’est en tout cas ce qu’elle a déclaré sans rire au Times. Après lecture de cet excellent article, que l’on peut consulter ici, et après avoir considéré cette photo, on ne peut s’empêcher de penser à cette députée de l’est de la France, dont le q.i. ne dépasse, de toute évidence, pas la taille des chaussures, et qui réclame, sans arrêt, des excuses à l’endroit de son candidat préféré. Que d’excuses il faudra devant l’histoire pour faire oublier cette photo célébrant cette sinistre réunion de famille !