Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

552 Billets

20 Éditions

Billet de blog 29 mars 2012

Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

Les Grecs bâtissent la solidarité

Jean-Louis Legalery (avatar)

Jean-Louis Legalery

professeur agrégé et docteur en anglais retraité.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’excellent Jon Henley, correspondant du Guardian à Paris pendant plusieurs années,  désormais à Londres et responsable de la rubrique Features dans ce même quotidien, a mis sur le site de son journal le second volet de ses enquêtes sur le devenir de la société grecque, un remarquable vidéo reportage sur l’organisation solidaire mise en place par les Grecs pour affronter la pénurie alimentaire qui frappe leur pays depuis le début de la crise et des restrictions. On peut écouter et regarder ici.

Jon a établi des contacts. Il a d’abord rencontré Maria Moragianis puis Xenia Papastavrou, qui travaille bénévolement pour combattre le gaspillage alimentaire et coordonne les dons quotidiens de surplus alimentaire. Il y un an, Xenia a créé un site internet pour organiser et coordonner ces dons. Le nom de son organisation signifie We can, un noble programme d’entraide. Le travail de son association consiste à appeler les maisons de retraite, les crèches et d’autres organismes pour connaître leurs besoins et les mettre en ligne pour trouver une solution, en les mettant en relation avec des entreprises prêtes à donner.

Jon est d’abord passé par Athènes où dans une cuisine de collectivité on tente de nourrir autour de 1.500 personnes chaque jour et d’aider des familles dans la difficulté avec les aliments essentiels pour passer la journée, pain, riz et pommes de terre, une sorte d’équivalent des restaurants du cœur en CDI. Environ 25 hôtels et restaurants d’Athènes donnent régulièrement leur surplus à cette organisation qui les redistribue. Jon Henley résume cette tâche ainsi : your job will be done when you’re not needed, votre mission sera accomplie lorsqu’on n’aura plus besoin de vous.

Depuis de nombreuses années les Grecs avaient pris l’habitude de payer des cours particuliers à leurs enfants pour leur permettre de faire un parcours secondaire et universitaire décent. La crise a mis fin à cette pratique qui n’est financièrement plus envisageable. Harris Xanthopoulos a un enfant dyslexique, et sa femme et lui doivent prendre en charge eux-mêmes l’éducation de ce garçon, avec le risque de le voir coupé de sa classe d’âge. Grâce à un réseau social bien connu, Harris a trouvé un tuteur, Petros Papathanasiou, qui fait travailler l’enfant quatre heures par semaine. Le complément éducatif est fourni sur le net par des bénévoles étrangers du Royaume-Uni et d’autres pays européens.

Jon Henley est allé ensuite dans la ville de Volos où environ 800 Grecs sont membres d’une association dont la devise est La colère ne suffit pas, il faut agir, et dont le but est d’échanger, de troquer en quelque sorte, sans utiliser la monnaie européenne. Maria enseigne l’anglais à quelques jeunes filles qui, en échange, font du baby-sitting pour elle. Bernhard Koppold est médecin, spécialisé dans la médecine alternative. Il est payé par des bons mutualistes qui lui donnent accès à des aliments bio. Il y voit le moyen d’être proche des autres.

Pendant son séjour en Grèce Jon Henley a eu vent de nombreuses initiatives solidaires et similaires. Il a rencontré des pharmaciens, des dentistes, des médecins qui aident leurs concitoyens de cette manière, loin du paiement en euros, mais avec un échange permanent. Des initiatives qui ne peuvent que susciter l’admiration et un magnifique reportage tout à l'honneur de son auteur, Jon Henley.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.