Le 1er avril est déjà loin, mais selon le spécialiste des questions environnementales du quotidien The Guardian, David Adam, dans son édition du 25 avril, le gouvernement britannique réfléchit très sérieusement à la possibilité de chauffer certaines routes en hiver pour prévenir les risques de gel et de verglas. L'agence routière britannique, Highways Agency, envisage d'installer un réseau de tuyaux en plastique remplis d'eau sous le bitume. Le processus est connu sous le nom d'IHT, Interseasonal Heat Transfer, rien à voir donc avec l'International Herald Tribune, et consiste à emmagasiner la chaleur qui, en été, peut, sous le revêtement en goudron des routes, aller bien au-delà de 40°, à stocker l'eau ainsi chauffée dans des réservoirs isolés par du polystyrène, puis à la réinjecter dans les tuyaux, lorsque la température, détectée par des capteurs placés aux abords de la chaussée, descend au-dessous de 2°.
Ce projet est consécutif à une expérience effectuée sur un petit tronçon de l'autoroute M1, près de Toddington, dans le comté du Bedforshire, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Londres, par une équipe de chercheurs du Laboratoire de Recherche sur les Transports, basé à Wokingham, dans le Berkshire, au sud-est de la capitale. Selon cette équipe de scientifiques, la chaleur captée au cours de l'été 2006 a permis de maintenir la chaussée hors gel pendant tout l'hiver 2006-2007. La température dans la zone sélectionnée a été supérieure de 3° à l'ensemble des surfaces avoisinantes. C'est une expérience indéniablement intéressante, d'un strict point de vue scientifique. Mais on peut raisonnablement se demander avec quelle manne financière le gouvernement de Gordon Brown pourrait traiter l'ensemble du réseau routier et autoroutier des îles britanniques, sans impliquer des dépenses considérables. Car, s'il semble acquis que ce système permettrait de substantielles économies et une probable réduction de la production des gaz à effet de serre, néanmoins le coût des travaux pourrait atteindre des sommes dissuasives, y compris sur les nouveaux tracés de route.
Le projet ne semble pour autant ridicule pour tout le monde. Un supermarché d'Edimbourg a ainsi installé ce système sur son parking pour chauffer le magasin, avec un investissement initial de 250.000 €, tout en espérant une économie annuelle de 35.000 € sur les factures de fuel. Les aéroports sont intéressés aussi, puisqu'ils doivent utiliser des produits chimiques pour se débarrasser du verglas, le sel leur étant interdit parce qu'il constitue une menace de corrosion dangereuse pour les carlingues. Pour le reste, il semble que le sel continuera à être le premier recours.